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La démocratie du bâton?

Il y a un phénomène très récurrent dans notre pays, aussi révoltant que condamnable : la violation systématique de la…

Il y a un phénomène très récurrent dans notre pays, aussi révoltant que condamnable : la violation systématique de la liberté de manifester. Le parti politique MODEM en a fait les frais ce mardi 19 juillet au cours de sa marche contre le chômage des jeunes. En regroupement de protestation devant l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi, ANPE, ce parti, aussi légal que le PDES qui soutient ATT, a eu droit à  une sévère répression de la police nationale. Les manifestants ont été violemment tabassés, puis dispersés par les forces de l’ordre ayant eu consigne de «nettoyer les lieux». Cet exemple n’est pas un cas isolé. En 2006, des femmes agricultrices à  l’Office du Niger avaient été expropriées de leurs terres, parcelles remises ensuite à  des fonctionnaires pour exploitation. La manifestation des pauvres dames a été sanctionnée par une violente répression et des vagues d’emprisonnements, à  l’image de celui de l’actuelle députée de Niono Mme Oumou Coulibaly, en son temps présidente de l’association des femmes exploitantes. En 2008, les membres d’une association féminine de la commune II, voulant marcher sur la Primature contre la vie chère (en pleine crise céréalière), ont été violemment brutalisées par des forces de l’ordre. Des gestes barbares d’une autre époque ont été perpétrées sur des vieilles femmes, dont le tort a été de vouloir exprimer un point (bien réel) au nom de la démocratie. La même année, les responsables du regroupement de jeunes «Mouvement des Sans-Voix » en ont eu pour leur compte. En organisant une marche (également contre la vie chère), son président Tahirou Bâh a été interpellé par le Commissariat du 1er arrondissement o๠il est resté pendant de nombreuses heures avant l’intervention de militants de droits de l’homme. En attendant sa sortie du commissariat, il sera insulté, menacé d’emprisonnement à  la prochaine tentative d’organiser une marche. En 2009, le président du Cercle de réflexion et d’action des jeunes (CRAJ), Mahamane Mariko, a eu la sécurité d’Etat sur le dos. Son tort a été de dénoncer, à  travers son association, « la passivité du gouvernement malien » dans la gestion de la rébellion du Nord, tenue par le terrible Ibrahim Ag Bahagan. Le leader associatif sera soumis à  un long interrogatoire réservé aux chefs de gangs. Son passage dans les locaux des services de renseignement avait défrayé la chronique, et hante encore les esprits de tous ceux qui tentent de dire «non» au régime. l’autre exemple de violation du principe démocratique au Mali, C’’est aussi le refus fait à  l’Association malienne des expulsés (AME) d’organiser une marche sur l’Ambassade de France pour « exiger justice » après la mort de notre compatriote Mahamadou Maregua. Le jeune malien de 30 ans avait été tabassé par des policiers français suite à  une interpellation pour un contrôle de papiers. Le gouvernement, qui ne s’est pas exprimé sur le sujet (pas même à  travers un message de condoléances adressé à  la famille du défunt), a décidé d’interdire toute manifestation liée à  l’affaire. A présent, on s’interroge sur les circonstances réelles de la mort de ce Malien de la diaspora. Des exemples du genre, il en existe beaucoup. Et les nombreuses dénonciations des défenseurs des droits de l’homme, sont tombées dans l’oreille du sourd. Difficile aujourd’hui d’avoir, sous ATT, le droit de manifester. Pour avoir «l’autorisation» de marcher à  Bamako ou à  l’intérieur du Mali, il faut vouloir soutenir le programme du président Amadou Toumani Touré, ou encore exprimer son soutien à  un membre du gouvernement. Et dire que le Mali est cité comme « exemple de démocratie » en Afrique, il y a véritablement de quoi s’interroger.