La dépigmentation, malgré tout

« Une femme claire a plus de chances de réussir qu'une autre de teint noir ». Ces propos ont été…

« Une femme claire a plus de chances de réussir qu’une autre de teint noir ». Ces propos ont été prêtés à  la chanteuse Oumou Sangaré, il y a quelques semaines. Tollé sur les réseaux sociaux, appel au boycott de la diva qui a commis le pire des crimes : se dépigmenter. De l’avis général, s’éclaircir la peau est synonyme de complexe, du « vouloir ressembler aux Blancs ». Faux, répond Mariam Kanouté, coach en développement personnel. « Je pense que le problème est posé souvent de la mauvaise manière » affirme-t-elle. Pour Mme Kanouté, s’il y a deux décennies on pouvait parler de complexe, ce n’est plus le cas aujourd’hui. « Si vous demandez à  une femme malienne, elle vous dira que ce n’est pas pour ressembler aux Occidentales mais pour être, ou en tout cas se sentir belle » explique le coach. Le témoignage de A. Maà¯ga va également dans ce sens, elle qui n’a « aucun problème avec le regard des gens. Je le fais parce que cela me fait plaisir d’avoir une peau éclatante». « Pas d’accord avec tout cet argumentaire », soutient Alfousseiny Sidibé, communicateur. « Les gens qui font cela, hommes comme femmes, n’ont pas compris la valeur de leur peau, et ne s’acceptent pas comme Dieu les a fait ». C’’est donc aujourd’hui plus une quête d’amélioration esthétique. « On peut dire que C’’est vrai, quand on voit les Blanches qui se font faire des UV » réagit Oumou Ba, jeune trentenaire, teint noir. « Pourtant, on ne va jamais dire qu’elles sont complexées par la peau des Africaines. C’’est une question de se sentir mieux. C’’est pareil aujourd’hui que le défrisage, la chirurgie esthétique, ou même les simples mèches qui changent notre nature », conclut la coach Kanouté qui suggère de poser la question avec les arguments santé. En effet, les « anti-tchatcho », au-delà  de la question de l’ « identité noire », justifient leur combat par les conséquences de la dépigmentation sur la santé. Depuis les années 80, les pouvoirs publics et les autorités sanitaires tentent en vain de freiner l’utilisation de ces produits dangereux. Car, même après la quasi disparition de l’hydroquinone du marché, les produits proposés aujourd’hui, corticoà¯des ou autre gluthatione, sont tout autant à  risque. Il y a quelques mois, des cas de décès suite à  des injections de ce dernier produit avaient été signalés au Sénégal. Se dépigmenter, que ce soit par complexe ou par « coquetterie », reste donc une entreprise dans laquelle il semble toujours aussi périlleux de se lancer… Célia d’ALMEIDA