La pauvritude

Elle n’est pas une pensée philosophique. La pauvritude n’est pas un courant littéraire. La pauvritude est un constat, le constat…

Elle n’est pas une pensée philosophique.

La pauvritude n’est pas un courant littéraire.

La pauvritude est un constat, le constat d’une attitude, d’un comportement.

Frappé dans son esprit par les colonisations, arabe et occidentale, l’Homme africain au sud du Sahara a perdu conscience de lui-même. N’ayant plus confiance en son savoir-être et son savoir-faire avant le contact avec l’envahisseur, il s’est enrichi de la culture du maître pour devenir pauvre de sa propre culture.

Au Mali, la pauvritude est une brume opaque qui couvre tous les aspects de la vie jusqu’à nous faire perdre le comment dénommer les jours du bout de bois : Dogo-kun, le grand jour du marché, la fête foraine ou foire hebdomadaire.

Le Mali est un pays de culture disent les intellectuels qui, malheureusement, sont les pires freins au rayonnement culturel du pays parce que ce qui se dit et se fait au nom du plus grand nombre est exprimé dans une langue inaccessible à tous.

La culture est cependant politique et économique. En définissant la politique comme l’expression de l’économie d’un pays, il faut noter que l’économie se conçoit à partir d’une culture donnée. C’est la mise en œuvre d’une certaine idéologie. Ainsi, la colonisation est-elle la traduction d’une vision donnée du monde d’un peuple. C’est pourquoi elle a imposé une nouvelle culture aux nouveaux États afin de pouvoir asseoir un modèle économique et social nouveau ne répondant aucunement à la culture des sociétés concernées. Une culture artificielle étant à la base des économies des pays en développement, l’échec des politiques africaines en est la conséquence finale. Le toit d’une case ne saurait couvrir une autre case pour laquelle il n’a pas été construit.

Au Mali, la culture s’exprime dans l’esprit de nos « intellectuels » par le « Don ni tekere », le folklore. Afin de promouvoir la culture dans ce pays où on confond aisément la culture arabe avec la religion qu’est l’islam, il faut en premier lieu travailler à la reconversion des mentalités, la prise de conscience des valeurs traditionnelles maliennes dans les différents domaines de la vie. Il s’agit de joindre le moderne au traditionnel. Il apparait incontournable de militer également pour l’allocation d’un budget conséquent au département de la culture. Pour compléter le tableau : la mise en valeur des différents lieux de mémoire du Sud et du Centre afin d’en faire des destinations touristiques, la nomination de vrais conseillers culturels dans les représentations diplomatiques du Mali aux fins d’organiser des activités autour de la culture malienne : cinéma, théâtre, art culinaire, parure, mariage, etc. ; et enfin la règlementation de la pléthore de festivals à travers le pays, dont la plupart ne sont porteurs d’aucun projet de développement économique pour la localité qui les abrite.

Ces cinq travaux d’hercule pourront contribuer, je l’espère, au rayonnement culturel du Mali pour son développement économique.