La Révision Constitutionnelle enfin votée !

En débat à  l'Assemblée nationale les 1er août et 2 août, le document de révision de notre Constitution n'a pas…

En débat à  l’Assemblée nationale les 1er août et 2 août, le document de révision de notre Constitution n’a pas eu de difficultés pour avoir le quitus des élus de la nation. Déjà  la veille, le lundi, tous les indices étaient réunis pour un vote favorable. Car les 28 amendements proposés ont été approuvés par 130 élus, contre 2 abstentions, tandis que seulement 3 députés (du parti SADI) avaient dit «Â non ». Ces amendements ont surtout porté, entre autres, sur le préambule de la Constitution, la nature du régime, les discriminations positives en faveur des femmes, la nationalité des candidats à  la magistrature suprême, la présentation des biens du président avant sa prise de fonction, etc. La réforme adoptée malgré l’opposition de certains ténors de la classe politique l’un des principaux enseignements à  tirer du vote de cette réforme de la Constitution, reste l’inconséquence de certains partis politique du paysage malien, notamment celle du PARENA (Parti pour la renaissance nationale), qui avait opposé une forte résistance à  cette révision constitutionnelle. Sur la question, son président Tiéblé Dramé était, il y a quelques jours, sans équivoque : «Â  Sur le fond, au lieu de corriger les anomalies et les dérives constatées tout au long de notre pratique constitutionnelle, le projet de réforme les codifie par une concentration excessive des pouvoirs, de presque tous les pouvoirs dans les mains du président de la République. Si cette réforme est adoptée, le prochain président du Mali sera un président-empereur, un peu comme le Français Louis-Napoléon Bonaparte ! ». Mais il fallait ce mardi 2 août pour assister au coup de théâtre, quand les 5 députés de son parti ont approuvé le texte. l’ancien Premier ministre du Mali et président de la Convention Nationale pour une Afrique Solidaire-Faso Hèrè (CNAS-Faso Hèrè), était aussi sur la même longueur d’onde. Si son parti n’a pas de députés à  l’Assemblée nationale, l’adoption du texte montre la sourde oreille manifestée par les 141 députés votants face aux réserves émises il y a quelques jours. Convié le 18 juillet dernier par les députés à  la séance d’écoute, Soumana Sacko avait déploré qu’avec la présente réforme « le nouveau Président aura plus de pouvoir que le Roi du Maroc » … Avant d’estimer que la « reforme envisagée est inopportune, inutilement coûteuse et mal inspirée ». Loin de renforcer la démocratie malienne, « elle va remettre en cause les acquis de mars 1991… » avait assené l’ancien chef du gouvernement devant les députés. Qui n’ont finalement pris en compte les réserves du président de la CNAS. Quant au parti SADI, on peut constater que la nature du vote de ses députés, a respecté la logique adoptée par le parti le début du processus de réforme. Le parti de l’opposition, qui avait jugé les réformes «Â couteuses et inopportunes », a entériné son «Â non » ce mardi 2 août. «Â Une avancée démocratique » La nouvelle Constitution ainsi adoptée à  l’écrasante majorité des députés, est un document de 105 articles, contre 125 dans l’ancienne. Pour le ministre de la réforme de l’Etat (ancien président de la Commission de révision de ladite Constitution), le nouveau document vise à  «Â corriger les lacunes et les insuffisances révélées par la pratique institutionnelle, une forte participation des citoyens aux élections, la baisse du coût des consultations électorales et le renforcement des capacités des partis politiques ». Le nouveau document, ajoute le ministre Diawara, comporte d’importantes innovations. Elles redéfinissent les contours de l’architecture institutionnelle de notre système démocratique. Le nouvelle Constitution prévoit le réaménagement des pouvoirs au sein de l’exécutif, la création d’un Sénat en remplacement du Haut conseil des collectivités, la réorganisation de la Cour suprême, de la Cour constitutionnelle, du Conseil économique social et culturel, de la Haute cour de justice et du Conseil supérieur de la magistrature. A ces innovations, il faut ajouter l’instauration de nouvelles règles de rationalisation du travail parlementaire en vue «Â d’améliorer son efficacité dans l’exercice de la fonction législative et le contrôle de l’action gouvernementale ». La nouvelle Constitution du Mali, C’’est aussi «Â le renforcement des mécanismes de protection des droits et libertés avec extension des attributions du Médiateur de la République, de l’institution du contrôle de constitutionnalité par voie d’exception. La nouvelle Constitution du Mali, après le vote des députés, vient de franchir une étape importante dans le processus de son adoption effective. Avant la fin de l’année, elle doit être soumise en référendum. Reste à  savoir si les Maliens suivront la démarche des élus de la nation.