La révolution du Woussoulan

A la maison, au bureau, les femmes maliennes ont la science pour rendre agréable le lieu o๠elles se trouvent.…

A la maison, au bureau, les femmes maliennes ont la science pour rendre agréable le lieu o๠elles se trouvent. Après avoir installé de beaux rideaux et rendu l’intérieur accueillant et chaleureux, elles le parfument à  l’aide d’un produit qui est maintenant connu de par le monde : l’encens, appelé en bambara « woussoulan ». Fabriqué à  partir de racines, de grains ou d’écorces séchés, traités et auxquels on ajoute le parfum de son choix, le woussoulan est devenu au fil des siècles, un argument de séduction inévitable dans la panoplie de la jeune malienne et au-delà  même dans le sahel tout entier. Mais l’encens traditionnel tel que nous le connaissons à  un inconvénient : la fumée ! Car, il faut le brûler pour que se dégagent ses veloutes ensorcelantes. C’’est le principe même de l’encens, pourrait-on répondre ! Le problème est que avec la vie active que de plus en plus de femmes mènent aujourd’hui il est difficile de s’adonner à  cette pratique. Au risque de voir le patron piquer une sainte colère quand il voit son bureau enfumé comme le cratère d’un volcan. Alors, les femmes maliennes dont l’ingéniosité n’est plus à  démontrer ont trouvé la solution. Elles ont inventé le « woussoulan sans fumée » ! Le principe est le même : des racines, cette fois-ci celles du vétiver (ban’bi) qui prolifère au bord des cours d’eau chez nous, que l’on fait sécher et que l’on coupe et qu’on entasse artistiquement dans un pot en terre. Auxquelles s’ajoutent le parfum choisi par la vendeuse ou la cliente et enfin des clous de girofle (guéni, en bambara) qui jouent le rôle de capteur de mauvaise odeur. Le tout donne un bel objet de décoration qui peut être installé partout, dans un salon comme dans un bureau avec comme avantage principale la maniabilité, on se brûle plus les doigts !, et l’esthétique sans oublier l’absence de fumée, donc plus de patron mécontent. Mme B. Soumaré est commerçante au grand marché de Bamako. Sa spécialité, les produits féminins et en particulier les woussoulan et les ceintures de perles. Selon elle, depuis quelques temps, les pots de « woussoulan sans fumée » se vendent comme des petits pains. « Je vais livrer des bureaux dans des banques, l’administration. C’’est un produit très apprécié par les femmes mais aussi par les hommes. Même les ministres en ont dans leur bureau ! » Les prix varient selon la taille du pot. Il peut aller de 5000 à  50 voire 100 000 fcfa. Les pots en terre viennent en général de Ségou o๠Mme Soumaré a un fournisseur qui lui donne des produits bien faits et résistants. En général, elle les livre aux clients fidèles mais vend aussi sur site à  ceux et celles qui viennent la voir après avoir entendu parler de ses produits. Une cliente nous dit toute sa satisfaction vis à  vis de ce produit qui l’a convertie à  l’utilisation de l’encens. « Je n’étais pas fan du woussoulan, mon mari n’aimait pas non plus. à‡a fume et on trouvait que ça n’apporte rien parce que l’effet est passager. Mais depuis que J’ai découvert celui-ci, je n’en manque jamais. à‡a sent durablement bon, il suffit de renouveler le parfum et adieu les mauvaises odeurs, C’’est formidable ! ». Comme tout produit qui marche, le woussoulan sans fumée connait des contrefaçons. Mme Soumaré met en garde les clients contre les pots vendus partout aujourd’hui et qui pourraient être dangereux si les parfums avec lesquels les racines sont aspergées ne sont pas de bonne qualité. C’’est donc un véritable marché qui s’ouvre pour les fabricants et revendeurs de produits d’entretien ou de décoration.