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L’ADEMA, parti ou GIE?

On se souvient que pour la présidentielle, l'ADEMA-Pasj faisait partie du FDR, alliance qui s'opposait au candidat de l'alliance "Le…

On se souvient que pour la présidentielle, l’ADEMA-Pasj faisait partie du FDR, alliance qui s’opposait au candidat de l’alliance « Le Mali d’abord », Ibrahim Boubacar Kéita. Même si la voix discordante du candidat de l’ADEMA lui-même, Dramane Dembélé, avait semé la confusion en s’alliant au candidat IBK, la ligne du parti était claire, le soutien allait à  Soumaà¯la Cissé. On pouvait donc s’attendre à  ce que le parti, qui est l’un des plus, sinon le plus important du paysage politique malien, se pose en force d’opposition. Que nenni. Fidèle à  son principe de s’aligner aux côtés des vainqueurs,voici donc l’ADEMA « membre de la mouvance présidentielle ». Si ce choix a peut-être satisfait les militants du parti, il en a déçu beaucoup qui espérait que le Mali verrait enfin la première véritable opposition de l’ère démocratique. Ces derniers devront prendre leur mal en patience parce que pour l’heure, à  l’ADEMA, c’est prise de risque zéro. Le président par intérim du parti, le Pr Tiémoko Sangaré, en annonçant le positionnement de sa formation, l’a justifié par « l’appartenance de l’ADEMA et du RPM à  l’internationale socialiste ». Ce qui selon lui est synonyme de convergence de vue et donc d’entente sur les orientations politiques du pouvoir. Il est donc clair désormais que l’ADEMA, qui entre-temps aura eu une vingtaine de députés à  l’Assemblée Nationale contre une cinquantaine sous la précédente législature, ne jouera pas le rôle de contre-pouvoir. C’est pour rassembler, éviter que le parti n’implose, se justifie-t-on dans la Ruche. Si on n’avait pas soutenu IBK, la base aurait lâché le parti et cela aurait signifié la fin de l’ADEMA, nous confie un cadre. Qui va jusqu’à  dire, sous couvert de l’anonymat, que les pontes n’ont aucun intérêt à  être dans l’opposition. Et c’est justement ce que pensent la plupart des observateurs de la vie politique malienne. Depuis une décennie maintenant, l’ADEMA s’est posé plus en un groupement d’intérêt économique (GIE) que comme parti d’influence et force de proposition. Zéro proposition de loi à  l’Assemblée, une gestion de « consensus » avec ses corollaires de corruption et mauvaise gouvernance… Autant de mauvais point que le parti a d’ailleurs payé cher lors des dernières élections présidentielle et législatives. Comment comprendre en effet qu’un parti qui se vante d’être le mieux implanté sur le territoire national ne puisse pas engranger 10% de suffrages lors d’une présidentielle? Que de 51 députés, il n’en récolte qu’à  peine 20 pour les législatives? Le « manque de courage » politique est un autre mauvais point à  ajouter à  la liste. « Les cadres de l’Adema ont tout simplement peur de perdre leur place dans les arcanes juteuses du pouvoir ». C’est ce que pense Iba Diallo, dont le sentiment rejoint celui de nombreux maliens, fatigués de voir leur politiciens toujours ramer dans le sens du courant.