Laïcité au Mali : l’AMDH pointe du doigt les leaders musulmans

Le code de la famille, toujours objet de polémique Invité d'Afrique soir (RFI), jeudi dernier, pour parler du principe de…

Le code de la famille, toujours objet de polémique Invité d’Afrique soir (RFI), jeudi dernier, pour parler du principe de la laà¯cité tel que pratiqué au Mali, le bouillant président de l’Association Malienne des Droits de l’Homme (AMDH), Maà®tre Ibrahim Koné, n’est pas allé avec le dos de la cuillère. L’avocat a systématiquement centré le débat sur le principe de la laà¯cité qui, dit-il, est piétiné par les musulmans, et le renvoi du code des personnes et de la famille, actuellement en seconde lecture à  l’Assemblée nationale. En effet, la Communauté musulmane est perçue dans ses propos comme celle qui profère des menaces aux relents terroristes contre les défenseurs des droits humains. « Depuis qu’il y a eu les débats sur le Code des Personnes et de la Famille au Mali, les défenseurs des droits humains font l’objet de menaces de mort de la part de certains groupes, et nous considérons cela comme un recul », disait l’avocat. La communauté musulmane a vu rouge après ces déclarations de Me Koné. Mohamed Kimbiri, premier Secrétaire à  l’Organisation du Haut Conseil Islamique du Mali s’est vu donc obligé de réagir. « Sur la question relative à  une remise en question de la laà¯cité du Mali par un nouveau code issu d’une seconde lecture de notre Assemblée Nationale, les propos du Président de l’AMDH, Maà®tre Koné, nous ont surpris ». En effet, Me Koné disait, « le Mali est une République laà¯que, et cette laà¯cité est consacrée par notre Constitution. Mais aujourd’hui on ramène le débat sur le plan purement religieux. On voudrait imposer un code musulman d’après ce que nous avions constaté. Et là , il faut faire extrêmement attention. Parce que si cela se passait, C’’est vraiment le principe de la laà¯cité républicaine qui serait mise en question ». Selon M. Kimbiri, le seul crime des musulmans du Mali est leur opposition à  un code « made in Occident ». l’AMDH ne mène pas les bons combats, dixit Kimbiri Sur tout autre plan, les musulmans s’interrogent sur la pertinence d’une telle « sortie maladroite avec des propos incendiaires et alarmistes » alors qu’au même moment un malien neutralisé avec un Taser par la police française mourait par asphyxie, sans que l’AMDH réagisse sur l’affaire. Ce mutisme de l’AMDH, selon M. Kimbiri, est coupable et complice. « Comment l’AMDH peut-elle se taire devant une telle violation des droits humains? « , s’exclame-t-il. En application de la sourate La vache verset 39 qui dit que « autorisation est donnée à  ceux qui sont attaqués de se défendre, parce que vraiment ils sont lésés », la communauté musulmane se dit lésée par les propos de Me Koné. « Je me trouve dans l’obligation non pas de répondre aux propos diffamatoires et alarmistes, quels que soient l’élégance et la ruse avec lesquelles ils sont proférés, mais tout simplement d’apporter ma modeste contribution pour corriger une certaine compréhension non fondée de notre réaction qui n’était aucunement une menace contre le principe de la laà¯cité du Mali ». Et M. Kimbiri d’ajouter que si la laà¯cité consiste à  faire en sorte que la religion ne soit pas imposée à  tous, que les non-croyants et les autres confessions puissent exister et vivre leur différence sans partager forcement cette conviction, l’on pourra la respecter. l’éminent avocat, Me Moutaga Tall définit l’Etat laà¯c comme l’Etat a- religieux, C’’est-à -dire un Etat qui ne s’immisce pas dans les questions religieuses et qui est d’égal partage entre les différentes religions. Pour lui, l’Etat laà¯c ne rejette pas les religions : ceci est le fait des Etats irréligieux. « l’Etat laà¯c intègre les religions dans la conduite des affaires publiques ». « Tout ce que nous avons souhaité et demandé, C’’est que la loi qui devrait régir notre existence en tant qu’être social soit conforme à  nos aspirations profondes, à  nos valeurs sociales et religieuses. Hélas, nous sommes désolés qu’un Président d’une structure aussi importante que l’AMDH, à  court d’arguments, veut prendre le débat en otage à  coups de stigmatisation, de dénigrement, de délation, de manipulation, et de désinformation. Cela est intolérable ! », a conclu M. Kimbiri.