Économie




L’artisanat malien en souffrance

Les fêtes de fin d’année arrivent et avec elles, entre autres, les achats de cadeaux. Il y a encore une…

Les fêtes de fin d’année arrivent et avec elles, entre autres, les achats de cadeaux. Il y a encore une dizaine d’années, l’artisanat malien était grand pourvoyeur de produits de ce genre. Mais depuis 2012 et le début de la crise, les ventes ont chuté et aujourd’hui, le secteur connait une véritable crise.

À la Maison de l’Artisanat, sise en plein cœur du grand marché de Bamako, l’activité est intense en ce début décembre. Les sacs, les chaussures, les objets de décoration ornent les étagères des boutiques et les artisans sont à pied d’œuvre pour produire le maximum en vue des fêtes de fin d’année. Cette période est la plus propice à leur commerce qui connait la crise depuis près de cinq ans. « Je travaille près de 10 heures dans mon atelier, mais l’écoulement de nos produits est très difficile actuellement », se plaint Malick Touré, cordonnier. Dans les allées de l’Artisanat, les clients expatriés, qui font le gros du chiffre d’affaires, sont rares. « Les quelques uns qui veulent venir faire des achats sont dissuadés par les guides qui nous accusent de surfacturation », explique Mamadou Soumbounou, premier vice-président de l’Assemblée permanente de la chambre des métiers du Mali (APCAM). Mais la situation actuelle n’est pas à mettre seulement au compte de la crise.

Cuir en hausse Le coût des matières premières a également connu une flambée. Autrefois vendu à 500 francs CFA, les peaux de moutons sont désormais cédées à 2 000 francs CFA. La vente par l’État de la Tamali (Tannerie du Mali) en 2000 à Bayikoro Traoré a contribué à une augmentation des prix. « Depuis cette vente, le cuir à semelle nous revient trois fois plus cher. On est obligé d’importer du caoutchouc depuis les pays voisins », poursuit Soumbounou. Cette nouvelle conjoncture a eu un impact immédiat sur les prix des articles. « On vendait des chaussures de qualité à 5 000 francs CFA avant. Maintenant on les cède à 15 000 francs CFA, et cela rebute assez souvent nos quelques clients », continue-t-il.

Made in China Du coté des bijoutiers, le constat est le même. La concurrence des produits chinois a porté un coup terrible aux maîtres orfèvres. « Un article que nous vendons à 75 000 francs CFA, les Chinois en font un produit contrefait à 3 500 francs CFA », se désole Mody Camara. « Tout ce qui intéresse les acheteurs, c’est de pouvoir mettre des parures, et avec le prix proposé par les Chinois, jamais ils ne viendront chez nous », conclut Daouda Traoré.