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Le bac de tous les débats

Comme il fallait s'y attendre, les résultats du baccalauréat ont dépassé la barrière du « catastrophique », et n'en finissent…

Comme il fallait s’y attendre, les résultats du baccalauréat ont dépassé la barrière du « catastrophique », et n’en finissent pas de charrier colère, indignation, hystérie le tout mâtiné d’un buzz qui a fini par migrer dans la presse o๠des voix insistent pour demander qu’il soit décidé une année facultative pour les candidats malheureux. Le taux de réussite fourni par le DGA du Centre National des examens et concours est de 16,24%, ce qui est mieux par rapport aux trois dernières années o๠les taux de réussite n’ont pas dépassé les 13%. C’’est un fait, le bac de cette année a été celui de tous les débats avec les défaillances survenues in extremis dans l’organisation : démarrage des épreuves avec 5 à  8h de retard dans les centres ; changement des sujets ; composition dans certaines épreuves tard dans la nuit. De quoi inspirer à  un parent d’élève cette phrase : « Depuis que le Mali est le Mali, jamais un examen du bac ne s’est tenu dans de telles conditions ». Tout ce chamboulement, on le sait, a été provoqué après que le département de l’éducation a découvert que les sujets ont, encore une fois, – comme C’’est le cas depuis bientôt une décennie-, fait fuite. Alors que, par une bien petite naà¯veté, la ministre Mme Togola Jacqueline Nana, avait garanti que toutes les dispositions avaient été prises pour parer à  toutes éventualité, oubliant du coup la capacité de nuisance de la mafia de corrupteurs tapis dans l’ombre dans le département, les académies, et qui vendent chaque année des sujets d’examens nationaux. Ainsi, chaque année, les sujets font fuite, circulent dans les salons, les rues, entre les quartiers, sont envoyés par SMS, sont polycopiés dans les cybercafés avant même la date des épreuves. Tout le monde le sait depuis bientôt une décennie. Le phénomène gagnait en ampleur, était devenu un fait commun et banal pour ne pas dire une réalité qui dépasse tout le monde. Presque tous ceux qui ont eu à  gérer ce département ont été confrontés à  ce phénomène de honte. Entendons-nous bien, le but recherché n’est pas de dédouaner ou d’enfoncer l’actuel détenteur du portefeuille de l’éducation nationale. Oui, les dysfonctionnements, fraudes…qui ont émaillé les examens scolaires nationaux engagent la responsabilité du département. Oui, dans aucun pays sérieux au monde, on n’aurait accepté que le baccalauréat se poursuive dans de telles conditions. Un report ou une annulation serait envisagé, parce que le bac est l’examen qui couronne douze ans d’études, raison pour laquelle personne ne « badine avec ». Mais delà  à  demandé qu’il soit décidé un report d’année pour les candidats malheureux, il y a là  un pas qu’on n’aurait pas dû franchir. A ceux qui demandent une année facultative pour les candidats malheureux, on serait tenté de poser la question qui est de savoir si les admis n’ont pas passé le même examen, parfois dans les mêmes conditions, que ceux qui ont été recalés. Le fait est que le bac de cette année, malgré tout le mal qu’on puisse en dire, relance aussi le « sirupeux » débat sur l’école malienne. Cette école à  laquelle les différents régimes démocratiques ont destiné force discours, études, réflexion sans jamais parvenir à  la sortir de l’ornière. Chaque jour qui passe la fait basculer davantage dans la « nakba », au point que « l’école va mal » est devenu un slogan qui compose désormais l’hymne matinal dans les familles, rues, administrations et «grins », nos groupes informels de discussion. Mais il n’y a pas que ça. Ce qu’il faut ajouter, C’’est que l’école malienne est aussi celle de ces élèves qui ont préféré Rihanna, Gaspi, Iba One, Facebook… à  Marx, Sartre, Camus, BalzaC’…Ils s’émeuvent rien qu’à  entendre Céline Dion ou Amel Bent, mais éteignent la télé lorsque un débat ou le journal commence. Des élèves qui se mettent dans la peau d’une star d’Hollywood, ne reconnaissent le plus souvent d’autorité qu’à  celui qui fournit à  manger ou qui peut renvoyer à  coup de pieds aux fesses. Pour qui le livre est le repaire du pauvre, et l’enseignement est un pauvre type, indigne d’une once d’estime.