Le deal d’Al-Qaida au Sahel avec les cartels colombiens

Contrebande et rançons C'’est une jolie petite à®le de l'archipel des Bijagos, au large de a Guinée-Bissau. A peine un…

Contrebande et rançons C’’est une jolie petite à®le de l’archipel des Bijagos, au large de a Guinée-Bissau. A peine un confetti, certes. Mais muni d’une piste d’aviation privée. l’endroit idéal pour un «sommet» top secret. Barons de la drogue colombiens, grands distributeurs africains, contrebandiers du «corridor sahélien» s’y sont entretenus fin octobre avec un certain Abdelkrim le Touareg, émir d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). C’’est du moins ce que la CIA aurait affirmé aux autorités, selon le quotidien France-Soir. Objectif: sécuriser le trafic de la cocaà¯ne colombienne ou vénézuélienne, qui est débarquée sur la côte ouest-africaine, stockée dans le nord du Mali, puis convoyée à  travers le désert du Sahara pour ensuite traverser la Méditerranée et envahir le marché européen. Car la «Sahel Connection» a subi un sérieux revers récemment, avec le coup de filet marocain contre des trafiquants qui avaient déjà  transporté 600 kg de coke. «Un pacte entre les narcos colombiens et l’Aqmi est plus que plausible», affirme à  Genève Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam). «D’un côté, les cartels de la drogue cherchent la protection de l’Aqmi, qui contrôle de vastes territoires du Sahara, connaà®t le terrain comme sa poche et dispose de complicités dans les polices, les armées et les douanes des pays que traversent les contrebandiers. De l’autre côté, les djihadistes diversifient autant que possible leurs sources de financement. Depuis longtemps, ils sont mêlés aux trafics d’armes mais aussi de sucre entre l’Algérie et le Sahel. Prises d’otages et demandes de rançons sont également devenues un business juteux depuis que l’Allemagne, la Suisse ou l’Espagne ont accepté de passer à  la caisse.» Une arme stupéfiante Mais C’’est bien le trafic de la drogue qui offre les meilleures perspectives. l’Aqmi aurait ainsi déjà  réussi à  engranger des millions et des millions de francs, qui serviront bien sûr à  financer leurs opérations terroristes. Car les liens entre narcotrafiquants et djihadistes ne datent pas d’hier. On se souvient par exemple de l’affaire «Air Cocaà¯ne»: en novembre 2009 un Boeing 727 atterrissait en catastrophe dans un champ de mines du nord malien. Avec à  son bord, paraà®t-il, dix tonnes de coke. Mais la marchandise aurait rapidement été déchargée par un commando de l’Aqmi. Puis l’avion, volontairement incendié. Reste une question: comment des islamistes peuvent-ils mouiller dans le trafic de stupéfiants, alors que pour les musulmans, la drogue est totalement «haram» (illicite)? «Toutes les grandes mosquées ont beau condamner à  la fois la consommation et le trafic, les djihadistes se réfèrent à  la fatwa du mollah Omar», explique Hasni Abidi. «Le chef taliban juge légitime tout ce qui sert à  affaiblir «l’ennemi lointain». La fin justifie les moyens.»