Le DG de l’Omatho dénonce la cabbale anti-touristique au Mali

Face à  la menace terroriste dans le Nord du Mali, le secteur du tourisme connait en ce moment une véritable…

Face à  la menace terroriste dans le Nord du Mali, le secteur du tourisme connait en ce moment une véritable descente aux enfers. En réponse, le ministère du tourisme, à  travers l’Office malien de tourisme et de l’hôtellerie, OMATHO, envisage la mise en œuvre de plusieurs mesures pour relancer l’activité touristique. Le directeur nous a dévoilé le contenu de ce nouveau programme. Entretien. JournalduMali.com  : Ces derniers temps le terrorisme et le trafic de drogue ont occupé le devant de l’actualité dans le nord de notre pays. En tant qu’autorité, que pensez-vous de cette situation ? Mahamadou Keita  : C’’est une situation absolument dramatique. C’’est vrai que depuis plusieurs mois, le Nord de notre pays vit au rythme des prises d’otages spectaculaires, du brouhaha médiatique qui les accompagne et des interventions musclées de certaines troupes sous-régionales pour, dit-on, pour circonscrire la «menace terroriste». Cette situation a porté un coup dur sur plusieurs d’activités économiques, notamment le tourisme. Et nous les acteurs, nous en souffrons énormément. C’’est une publicité dont le Mali n’avait pas besoin. Journaldumali.com : En parlant de «Â brouhaha médiatique » que pensez-vous du fait que certains médias ont extrapolé la situation ? Mahamadou Keita : Tout à  fait. Car depuis l’éclatement de la crise, le Mali, particulièrement son tourisme, est victime de lynchage médiatique de la part de la presse occidentale. Ce qui, du coup, a poussé les Chancelleries européennes à  dissuader leurs ressortissants de choisir le Mali comme destination touristique. Mais en oubliant que le tourisme malien ne s’arrête pas au Nord seulement, et qu’il existe plusieurs autres sites touristiques vers les régions sud du pays. Mais il y a véritablement une volonté de nuire à  l’image du Mali et d’affecter un secteur porteur de son économie comme le tourisme. Journaldumali.com : De façon concrète, quels ont été les impacts de la situation sur l’activité du tourisme ? Mahamadou Keita : Les évènements au Nord de notre pays ont eu des conséquences énormes sur le secteur du tourisme. Au Mali, la saison touristique est marquée chaque année par la fréquentation des sites par les visiteurs internationaux ainsi que leur présence aux différentes manifestations touristiques et culturelles (festivals, cérémonies rituelles, etc.). Mais depuis deux saisons touristiques, la visite du Mali est déconseillée par des chancelleries occidentales réduisant ainsi la fréquentation de nos sites et manifestations par les visiteurs internationaux. De 250.000 visiteurs en moyenne chaque année, nous sommes actuellement à  120.000 touristes seulement depuis 2009, soit une réduction de plus de 50% du taux de fréquentation. Ceci a eu des conséquences dramatiques pour nous. Car, on a assisté à  un arrêt des vols charters en direction de Mopti et de Gao ; une annulation des réservations d’hôtels par des organisateurs de voyages ; la réduction des dépenses liées à  la visite des sites (guidage, location véhicules, restauration, achats de cadeaux, etc.) On a aussi subi comme conséquences, les difficultés pour les entreprises touristiques (agences de voyages, hôtels, locations de véhicules, etc.) et les artisans de payer le salaire du personnel, les impôts et taxes, les prêts constatés auprès des institutions de financement ; la baisse du niveau des investissements touristiques ; l’arrêt de certains projets, surtout hôteliers ; le désespoir de nombreux prestataires informels, etc. Journaldumali.com : Face à  la situation dramatique que vous décrivez, quelles ont été les mesures adoptées par votre département ? Mahamadou Keita : En réponse à  la crise, les acteurs (les opérateurs privés et publics) ont eu de nombreuses concertations et ont adopté certaines mesures. Les exploitants attendent de l’Etat des mesures d’aide se traduisant par l’exonération totale ou partielle temporaire des charges fiscales et sociales auxquelles ils sont soumis : impôts et taxes, TVA, factures d’eau et d’électricité, prêts bancaires, etc. Pour atténuer davantage les efforts négatifs de cette crise sur l’économie malienne en général et sur le secteur du tourisme en particulier, il a été suggéré, à  l’issue des concertations, de mettre l’accent sur la communication en redynamisant la cellule de communication du département. Aussi, il est question pour nous désormais de communiquer à  l’attention de nos consultants à  l’étranger (France, Espagne, Allemagne, USA, Canada) toutes les informations aux rencontres et manifestations de tout genre programmés ou organisées au Mali pour diffusion auprès des Tours opérateurs, de la presse spécialisée et des médias. Comme mesures, nous avons jugé utile de fournir les mêmes informations à  la diaspora malienne, aux acteurs du tourisme (agences de voyages, hôtels, associations), aux institutions (Présidence, Primature, Affaires étrangères) et aux partenaires (Ambassades, consulats, PNUD, UNESCO, Union européenne, OMT, OCI, UEMOA et CEDEAO). Dans le même temps, il est recommandé d’informer les prescripteurs de la destination Mali des mesures de sécurité engagées par l’Etat dans le septentrion et surtout sur le trajet Douentza –Tombouctou. Dans le domaine de la promotion, il est demandé une réorientation des activités sur les marchés porteurs comme : les Etat unis, le Canada, l’Allemagne, le Japon, l’Europe de l’Est, la Corée du sud et la Chine). Parallèlement à  cette action, il est conseillé de promouvoir les sites faiblement exploités au Mali (Sikasso, Kayes, Ségou, Koulikoro) par les organisations d’Eductours et des voyages de presse. Journaldumali.com : Avez-vous un appel particulier à  lancer ? Mahamadou Keita : l’appel s’adresse aux acteurs du tourisme. Notre secteur vit l’un des moments les plus difficiles. Nous ne devons pas tomber dans la résignation. Nous devons retrousser les manches pour une relance très rapide de l’activité touristique. Car, il n’y a pas de raisons que nous ne puissions surmonter les obstacles. J’ose espérer que très bientôt, notre tourisme retrouvera ses lettres de noblesses et que le Mali redevienne l’une des destinations touristiques les plus enviées.