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Le français, un mal nécessaire pour les Africains francophones

Enfant de troupe au prytanée militaire de Saint-Louis, nous avions été conviés par le président Abdou Diouf à  assister aux…

Enfant de troupe au prytanée militaire de Saint-Louis, nous avions été conviés par le président Abdou Diouf à  assister aux festivités du sommet de la francophonie à  Dakar. Nous étions ivoirien, nigérien, malien, tchadien, centrafricain, béninois, gabonais et mauritanien à  rejoindre la capitale sénégalaise. Venus d’horizons divers, imbus de nos différentes cultures, fiers de l’uniforme militaire qui faisait de nous des privilégiés, nous n’étions unis que par l’appartenance à  la même école et la langue française. l’appartenance au prytanée militaire se construisait d’ailleurs grâce à  cette langue française. Nous étions contraints d’oublier nos langues maternelles au profit du français, outil de dialogue et instrument de travail. Une fois à  Dakar, nous n’avions d’yeux que pour les stars africaines et leur mentor de l’époque le feu follet de RFI, Gilles Obringer dont la place revient maintenant à  Claudy Siar de Couleurs tropicales. Nous avions beau lire « Nations nègres et culture » de l’égyptologue Cheikh Anta Diop et accepter avec ce monument du savoir que « le développement passe par la valorisation des langues locales » mais sans la langue française les jeunes africains que nous étions ne pouvions commercer entre nous. Aujourd’hui encore, vingt-cinq ans plus tard donc je me retrouve au Mali, pays résolument panafricaniste, mais sans le français comment aurai-je réussi mon intégration socio-professionnelle ! « Si la langue française est un butin de guerre » pour reprendre André Malraux il aurait été une erreur monumentale de ne pas « la ramasser lors de l’accession de nos pays à  l’indépendance en 1960 » comme le disait le président Abdou Diouf. Nos penseurs nous parlent du Swahili comme langue africaine, d’une monnaie unique africaine et des Etats-Unis d’Afrique. Vues de l’esprit, volonté de couper le cordon ombilical avec la France ou nationalisme exacerbé ! Avec les replis identitaires observés ça et là , la volonté d’indépendance manifeste d’entités tribales nostalgiques du passé, l’absence d’un passeport linguistique africain, la francophonie de par la langue française mérite d’être soutenue. D’ailleurs, nous peinons à  trouver des équivalents à  de petites choses dans nos « dialectes ». Le téléphone, la tablette et l’ordinateur se disent comment en « africain » ? Dire « J’ai envie de toi », « je veux te croquer », « je veux t’embrasser » pour ne pas pousser le bouchon trop loin devient une épreuve difficile dans nos langues nationales. Le français est une belle langue. Il séduit. Il unit. Il réunit. Il contourne la multiplicité des barrières ethniques et culturelles souvent source de division. Il est une langue de paix et d’intégration de l’Afrique au « rendez-vous du donner et du recevoir » comme disait le président Senghor. Si d’aucuns préfèrent critiquer le français, je choisis à  l’instar de Abdou Diouf « d’être son chevalier servant » dans l’espoir de voir un jour les africains s’unir autour d’une langue.