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Le «grin» est-il contre-productif ou immuable ?

Le grin a-t-il une réelle utilité sociale à  part débattre des sujets de société qui touchent la vie des Maliens…

Le grin a-t-il une réelle utilité sociale à  part débattre des sujets de société qui touchent la vie des Maliens de Kayes à  Kidal, de Bozola à  Doumanzana, deux quartiers peuplés de la capitale malienne. Il reste que de nos jours, le « grin » a tendance à  s’élargir jusqu’ à  envahir l’espace des autres. Tiens, en rentrant l’autre jour, dans mon immeuble, je tombe sur un grin. Résultat, des coques d’arachide parterres, des résidus de thé vert chinois, communément usité pour faire le thé à  trois degrés, tant prisé étalés à  tout va. « Aviez-vous besoin de laisser vos coques d’arachide devant l’entrée ? ». l’autre me regarde d’un air étonné, comme si C’’était moi l’extraterrestre. Je passe alors mon chemin. Le lendemain, je découvre un autre rassemblement d’aide-ménagères devant ma porte. Impossible de passer. Là  encore, il faut négocier, pousser les chaises si typiques du grin. Dépasser la masse qui vous scrute, vous détaille de la tête aux pieds, vous passe littéralement au scanner comme si le temps était immuable et infiniment élastique. Et une fois que vous aurez disparu de leur champ de vision, dans la rue ou dans un quartier populaire, vous deviendrez à  coup sûr l’objet de la conversation. En plus d’essayer d’éviter le regard de ces fieffés hableurs du dimanche au lundi, il faut en plus manœuvrer avec délicatesse pour ne pas marcher sur le pied de l’un d’entre eux. Et dire bonjour comme si de rien n’était. Toujours est-il que le grin reste une véritable institution sociale. Mixte pour la plupart du temps, de rares fois, une jeune dame s’y glisse pour égayer la vue de ces tontons et même ces papas, qui refont le monde jusqu’ à  trois heures du matin. A quelles fins ? « Le grin en apparence donne l’impression d’une grande cohésion sociale, du fait de ses membres rassemblés autour d’un seul « barada » ou théière à  thé. Mais en réalité, juge ce sociologue, il comporte des personnes aux opinions diamétralement opposés. Le grin est l’incubateur d’idées qui n’iront pas plus loin que le bout du carré. Le grin suscite colère, vanité, émoi,orgueil, timidité, l’occasion pour certains d’étaler un savoir, ou de colporter une rumeur infondée, tout comme selon ce journaliste, il distille de petites infos croustillantes à  creuser, rapporte la vie des autres, et critique nos dirigeants enfermés dans leur tour d’ivoire. En réalité, défend cet autre, le grin permet de prendre le poul de la société. Mais dans un pays, o๠est la jeunesse est grandement au chômage, le grin tardif est-il vraiment productif ?. Toujours, selon notre expert sociologue, un jeune qui aura passé une bonne partie de la nuit à  deviser, ne peut être efficace le lendemain, que ce soit en cours ou au travail, du fait des heures de sommeil perdues. Ko Sounogo ta ka djourou to mogo chi là . A partir de ce simple constat sur l’effectivité d’un cerveau qui aura épuisé ses batteries jusque tard dans la nuit, avis à  ceux qui voudraient se lever tôt, agir et changer leur monde, plutôt que de s’en laisser conter à  la lueur des étoiles, un verre de thé à  la main. Les rassemblements de jeunes autour du thé, devant les maisons, les concessions ou même les caniveaux pleins en plein hivernage sont une institution. A Réformer ?