Le Mali face à Ebola : pas de panique mais la prudence s’impose

Le lundi dernier, les Bamakois et le Mali tout entier poussaient un ouf de soulagement après l'annonce de la levée…

Le lundi dernier, les Bamakois et le Mali tout entier poussaient un ouf de soulagement après l’annonce de la levée de quarantaine d’une famille de 25 personnes, foyer potentiel de maladie à  virus Ebola. C’’est en effet dans cette cour de Bagadadji qu’avait résidé pour quelques jours, avant de partir pour Kayes, la petite fille décédée d’Ebola il y a trois semaines. On pensait la menace éloignée… Quelques heures plus tard, le mardi, un infirmier, Salif Diarra, mourrait au sein de l’une des plus prestigieuses cliniques privées de Bamako, contaminé par un malade venu de la Guinée. Pendant que la nouvelle faisait el tour de la ville et que s’installait une quarantaine autour de l’établissement, un autre cas suspect est signalé. Et depuis, ils se multiplient. Comment en est-on arrivé là , C’’est bien ce que se demandent les Maliens qui étaient plutôt rassurés par les annonces des autorités sanitaires sur le dispositif mis en place. Un corps lavé à  Bamako avant d’être rapatrié en Guinée Le Président de la Polyclinique se défend. Jamais son établissement n’a voulu dissimulé les cas d’Ebola et le malade guinéen n’a présenté aucun symptôme lié à  la maladie lors de son séjour hospitalier. On a bien du mal à  accepter cette hypothèse tant il est difficile de penser que l’historique du malade ait pu être ignoré par le personnel médical. Et si C’’était le cas, cela voudrait-il dire que l’on est incapable de poser un diagnostic fiable ? Autre question, les tests de la maladie à  virus Ebola ne sont-ils donc pas systématiques dans nos hôpitaux pour es personnes présentant les symptômes, même ressemblants à  ceux de la maladie ? Le personnel médical est-il formé à  la prise en charge des cas éventuels et comment est géré ce nouvel épisode épidémique qui s’annonce plus grave que le premier ? Autant d’interrogations pour l’instant sans réponse. Le gouvernement s’est pour l’instant contenté de publier des communiqués, appelant au calme la population qui, il est vrai, panique. Surtout que les rumeurs les plus folles circulent et qu’il devient de plus en plus difficile de dénouer le vrai du faux. Une chose est sure, le malade guinéen a reçu de nombreuses visites lors de son hospitalisation, en plus de celle de l’équipe médicale de la clinique. A son décès, il a eu droit aux rites funéraires dus à  son statut d’imam (lavage du corps par ses pairs, ndlr) et son corps a ensuite été rapatrié en Guinée o๠il a été inhumé, sans respect du protocole « Ebola ». Or, les contacts avec les cadavres sont les plus contaminants. Vie sociale à  haut risque Même si on croise de plus en plus de personnes qui refusent de serrer la main pour la salutation usuelle, l’impression générale est que les populations n’ont pas encore pris la mesure de la menace Ebola. Les discours rassurants sur le dispositif de prévention y a beaucoup contribué. Pour Boubacar S., un jeune commerçant de Kalaban Coura, « Ebola est une invention », la preuve C’’est que « la dame qui a été avec la petite qui est morte n’a rien eu. l’enfant a du avoir un palu »Â… Aussi incroyable que cela puisse paraà®tre au vu de la communication faite autour du fléau, ils sont très nombreux à  partager cet avis. La preuve en est que les habitudes sociales n’ont pas changé à  Bamako encore moins dans les régions. Les mariages avec bain de foule se succèdent et autres rassemblements, les verres de thé, partagés entre amis sans aucune règle d’hygiène particulière, sont toujours d’actualité. A l’opposé, quelques familles ont déjà  cédé à  la panique. Ainsi chez les Sidibé de Djicoroni Para, les enfants en sont pas allés à  l’école mercredi ni ce jeudi. « Il vaut mieux être trop prudent », affirme le père, « si je pouvais je serrai moi-même resté à  la maison. Dans mon métier, je reçois les gens et tous ne comprennent pas que tu ne veuilles pas leur serrer la main ». Au marché, le seul sujet de conversation est cette maladie qui commence « à  faire vraiment peur ». Les clients boudent les étals de viande, généralisant l’interdiction de manger la viande de brousse. « On va prendre du poisson, C’’est plus sur, on ne sait jamais », déclare Oumou, venue faire ses emplettes pour le repas de midi. Selon des sources médicales, trois cas suspects ont été identifiés au cours de la journée du mercredi et deux personnes auraient succombé au quartier de Djicoroni Para. Aucune annonce officielle ne confirme ces informations. La prudence reste donc de mise et il est plus que jamais important que chacun respecte les mesures de prévention de la maladie et signale tout cas suspect, y compris soi-même aux numéros gratuits suivants : -88 00 77 77 -80 00 88 88