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Le Mali, terre de photographie

C'’est une décision prise par les partenaires organisateurs, le ministère de la Culture malien et l'institut français (Affaires étrangères). On…

C’’est une décision prise par les partenaires organisateurs, le ministère de la Culture malien et l’institut français (Affaires étrangères). On en devine les raisons. Aussi, l’initiative prise par la photographe Françoise Huguier, une des fondatrices de ces Rencontres, de présenter à  Paris, au Pavillon carré de Baudouin, un ensemble, une sélection de photographes maliens est plus qu’opportune. Indépendante des institutions pré-citées mais soutenue (sans frais) par le ministère français de la Culture, et (avec frais) par la mairie du XXe arrondissement, cette exposition, « Bamako photo in Paris », permet de découvrir la continuité, la diversité, l’inventivité et la persévérance des photographes maliens, malgré la guerre et les difficultés quotidiennes de tous ordres. l’influence des « anciens » Les photos de Seydou Keita ou de Malick Sidibé sont les plus exposées de par le monde (et fort cotées). C’’étaient des artisans photographes de studio, dit « studiotistes ». Le premier travaillait dans la reprise des codes de la sculpture africaine, tout en rituels et symboles pour une photographie artistique et utilitaire, chroniqueur des événements familiaux des Bamakois. Le second a fait sortir l’appareil du studio et a tenu en reporter (par Foca Sport 24×36) le journal de la génération dansante des années 60, dans un Bamako alors en pleine expansion démographique et économique. Avec Adama Kouyaté, de Ségou, ils sont les « pères fondateurs » de la photographie malienne. On ajoutera désormais Souleymane Cissé, dont on voit pour la première fois les photos. Ce cinéaste au grand palmarès, emprisonné au Mali en 1975 pour son premier long métrage « Den Muso », montre des photos d’archives de repérages ou de manifestations de rues. Avec cette distance (ni trop près ni trop loin) qui laisse au sujet ses libertés d’expressions. On retrouve, dans les générations suivantes, les influences et enseignements des « anciens » : chez Mory Bamba et Emmanuel Bakary Daou, fondateur en 1994 de l’association Djaw-Mali (« les images du Mali »), qui mêle à  ses reportages signes et symboles. En prise avec l’instabilité politique de leur pays, inquiets, ils ou elles s’attachent à  transmettre, avec des styles différents mais toujours dans une perspective inventive des opinions ou des témoignages. Ainsi Sogona Diabaté, secrétaire de formation, a appris les techniques audiovisuelles avec l’association Promo Femme, et a fondé celle de SOS Démocratie : « Mon pays connaà®t depuis deux ans une situation politique difficile. Je photographie l’actualité depuis le début de la crise. Ces images d’affiches dans la ville de candidats à  l’élection présidentielle se veulent un témoignage de la chance inestimable du retour du Mali à  un système constitutionnel normal. » Seydou Camara, fondateur du collectif « Djabugusso », a réalisé une installation en série des fabuleux « Manuscrits de Tombouctou ». Ces photographies illustrent le livre de Jean-Michel Djian de même titre. Bintou Camara a reçu en 2011 le prix « Visa de la création » (Institut français) pour son projet photographique « Les Chinois en Afrique » : « Je remarque que la communauté chinoise est de plus en plus visible. Je m’interroge sur les motivations de ces nouveaux arrivants, qui parviennent à s’intégrer assez rapidement dans nos capitales, à y trouver du travail et des débouchés commerciaux pour leurs produits manufacturés. » Et puis, ignorant les idées standards tristounettes de la « world photography » plasticienne, il y a l’optimisme plastique de Dicko Harandane, Fatoumata Diabaté, Mohamed Camara, Amadou Keita. l’exposition « Bamako Photo in Paris » (ou ailleurs) se lit, se voit, comme l’arbre généalogique d’une belle lignée photographique.