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Le Mali, un sanctuaire pour les terroristes?

Il y écrit que « l'affaire des quatorze otages européens libérés en août 2003 dans le nord-est du Mali est…

Il y écrit que « l’affaire des quatorze otages européens libérés en août 2003 dans le nord-est du Mali est riche d’enseignements. Au-delà  des tractations secrètes ayant permis un dénouement pacifique de cette prise d’otages et des implications sécuritaires pourtant prévisibles pour l’ensemble de la sous-région, cette affaire dévoile la véritable nature du régime malien et l’ambivalence de sa politique régionale: un Etat voyou qui, tout en s’attribuant les vertus de la démocratie et de la bonne gouvernance, compose avec le terrorisme ». Est-ce là  ce que le monde pense du Mali ? La sanglante issue de la prise d’otages de vendredi dernier chez le voisin nigérien peut pousser à  répondre par l’affirmative. Les deux jeunes gens français, faut-il le rappeler, ont trouvé la mort le samedi dernier dans des circonstances encore floues. Selon les autorités françaises, ils « auraient été exécutés par leurs ravisseurs ». Ces derniers, selon les premières informations les auraient assassiné avant de continuer leur route et de se retrouver face aux soldats français qui les avaient pris en chasse. Sur leur sort à  eux, on est vaguement informé. «Ils ont été neutralisés » a déclaré le Premier Ministre français François Fillon. On a appris hier après-midi que deux « suspects » dans cette affaire avaient été capturés et étaient interrogés à  Niamey. Et si les français pensaient comme notre confrère algérien ? Si l’option qui a cours est celle d’empêcher les preneurs d’otages de rentrer au Mali parce que les autorités maliennes ne font rien pour empêcher cette situation, voire l’encouragent ? On ne peut s’empêcher de se poser ces questions parce que depuis quelques années, notre pays s’est posé en négociateur dans les questions de prises d’otages. Pour preuve, ce sont les autorités maliennes qui mènent les négociations pour la libération des 7 otages, dont 5 français, enlevés depuis septembre dernier à  Arlit dans le Nord du Niger et transférés depuis dans l’immense désert malien. Un dossier dans lequel selon les français aucun canal sérieux de négociation n’a pu être établi avec les géoliers d’AQMI dont les revendications extravagantes, n’incitent guère les services spécialisés à  l’optimisme. Cette zone est donc devenue, aux dires des experts, un véritable refuge pour les narcotrafiquants, les islamistes armés et autres oiseaux de ce genre. Malgré les protestations de bonne foi des maliens. Le président Amadou Toumani Touré déclarait il y a quelques mois que le Mali ne pouvait être « le maillon faible de la lutte anti-terroriste dans le Sahel, tout simplement parce qu’il n’y a pas de chaà®ne ». Une façon de formuler son principal reproche à  ses voisins et aux occidentaux, le manque de concertation dans la lutte contre les terroristes et particulièrement AQMI. Pour ATT, le Mali à  lui tout seul ne saurait jamais contrôler les milliers de kilomètres carrés de dunes et de montagnes dans lesquelles se replient les malfaiteurs après leurs forfaits. Mais aujourd’hui, cela peut apparaà®tre non pas comme un aveu d’impuissance mais plutôt comme « du je-m’en-foutisme » ! Notre confrère algérien n’écrit-il pas encore dans son article que « cette défaillance du pouvoir malien, souvent justifiée à  tort par le manque de moyens, fait que les groupes terroristes se sentent chez eux et se déplacent librement, pour peu qu’ils donnent de l’argent ou de la nourriture aux populations nomades paupérisées qu’ils rencontrent afin que ces dernières les «vénèrent» et les protègent. » La position algérienne sur ce sujet est d’ailleurs très claire. Pour elles « les autorités nigériennes, pourtant dépourvues de moyens et dont le pays connaà®t une situation économique moins reluisante et beaucoup plus difficile que celle du Mali, déploient néanmoins des efforts méritoires dans la lutte antiterroriste au plan sous-régional et sont réceptives aux doléances et sollicitations de l’Algérie et des autres partenaires sur les questions sécuritaires d’intérêt commun. C’’est donc tout simplement de la mauvaise volonté voire du laxisme, illustration de la démission totale du pouvoir de Bamako face à  l’activisme du GSPC ne saurait se justifier ni par le manque de moyens, ni par un quelconque désintérêt de l’Algérie et des partenaires étrangers, mais par la corruption, l’égoà¯sme, l’irrationalité et l’inconscience des décideurs maliens ». Sans commentaires ! Tous les otages pour lesquels le Mali a négocié ont été libérés, au prix d’énormes rançons mais vivants. Lorsque des interventions militaires sont mises en œuvre, ce sont des cadavres qu’on ramène. C’’était hier le cas pour Michel Germaneau, C’’est aujourd’hui le cas d’d’Antoine de Léocour et Vincent Delory. Mais voici que la France annonce que désormais elle rendra « coup pour coup ». Doit-on en déduire que désormais, elle entend gérer elle-même ce genre d’affaires ? Cela voudrait-il alors dire qu’il n’existe plus aucune confiance entre maliens et occidentaux ? l’opération des troupes françaises qui « sont entrées seules en territoire malien pour tenter d’intercepter les ravisseurs » tend à  le prouver. Alors, de quoi cela augure-t-il ? De rien de bon en tout cas. Ni pour les français, qui peuvent ainsi être sacrifiés pour ne pas avoir à  discuter avec les ravisseurs (on peut le penser sans exagérer), les autorités de l’Hexagone assumant pleinement leur décision et promettant leur foudre aux auteurs de toute autre tentative. Ni pour les pays de la bande sahélo-saharienne qui, ayant affiché leur incapacité, vont devoir assister aux combats sur leur territoire sans rien avoir à  dire.