Le Maouloud dans les familles Bamakoises

Dans la famille Maà¯ga, à  Faladié Sema, C'’est l'occasion pour sacrifier un bœuf entier « je partage la viande du…

Dans la famille Maà¯ga, à  Faladié Sema, C’’est l’occasion pour sacrifier un bœuf entier « je partage la viande du bœuf entre une partie de ma famille et celle de mon épouse. J’en donne également à  mes voisins et à  des amis » explique Boubacar Maà¯ga, le chef de famille. Assises dans la cour de la maison familiale, les jeunes Maà¯ga se partagent les tâches de la journée « le jour du malouloud, C’’est-à -dire la commémoration de la naissance du prophète, nous préparons du fonio et de la sauce oignons avec beaucoup de viande. Mon père appelle l’imam du quartier pour venir lire quelques versets du Coran et ainsi, bénir notre famille et toutes les personnes présentes » commente Hawa Maà¯ga. Plus loin, dans le quartier Titibougou, sur la route de Koulikoro, la famille Diallo se prépare à  accueillir une soixante de personnes pour le Maouloud « chaque année, C’’est comme ça depuis plus de 20 ans. Depuis que je suis née, J’ai trouvée que C’’est comme ça. Mon père, ses frères, ses sœurs, ainsi que leurs enfants se retrouvent ici. Cela parce que mon père est l’aà®né de la famille et qu’il a instauré cette habitude. Le Maouloud devient l’occasion pour notre famille élargie de se retrouver au moins une fois par an, et pour se faire des bénédictions » explique Fatoumata Diallo, jeune fille d’une trentaine d’années. Tous les musulmans ne considèrent pas le Mawlid comme une fête légitime de l’islam. « Il y a deux fêtes en Islam, le Ramadan et la Tabaski, le reste ne sont pas des fêtes ce sont des innovations que les hommes ont voulu entretenir » s’indigne Mariam Coulibaly, élève dans une école franco-arabe. « Nous sommes des musulmans, l’essentiel est de se souvenir de notre prophète et de faire un acte de piété par exemple jeuné ce jour. Le prophète ne fêtait pas son anniversaire alors pourquoi le fêterions-nous » lance Adama Koné, assis devant la concession familiale à  Yirimadio. Ce que disent les théologiens musulmans Les avis des experts théologiens divergent sur la question de fêter ou non le Maouloud. Les théologiens légitimant cette fête sont nombreux et appartiennent aux quatre écoles de jurisprudence islamique. On peut citer parmi les anciens Ibnou Hajar Al-`Asqalani, Sakhawi, As-Souyouti, ou encore Ahmad ibnou Zayni Dahlan. D’un autre côté, la célébration de l’anniversaire de Mahomet est considérée par d’autres théologiens (aujourd’hui souvent affiliés au salafisme) comme une innovation religieuse (bidah) étrangère à  l’islam. Ils mettent en garde contre l’altération par l’humanité de l’islam tel qu’enseigné au Prophète et pratiqué par les premiers musulmans, sahabas, n’ayant jamais fêté ce jour, malgré tout l’amour qu’ils avaient pour le Prophète. L’anniversaire de Mahomet n’a jamais été célébré de son époque, ni par ses compagnons, ni par les musulmans sunnites des premiers siècles. Aucune trace explicite de cette fête n’existe dans le Coran et la sunna. D’après les historiens Ibn Kathà®r et Ibn Khallikan, elle fut instaurée bien plus tard, vers 1207, par le roi d’Erbil. Ce qui constitue donc une innovation en religion selon les paroles du prophète Mohamed parmi lesquelles : « – Toute nouveauté est une innovation, toute innovation est égarement, et tout égarement est au feu. – Quiconque introduit dans notre religion ce qui lui est étranger le verra rejeté » . Hormis le fait que cette pratique puisse être considérée comme une innovation religieuse, elle peut être considérée comme l’imitation des non-musulmans : les chrétiens fêtant l’anniversaire de Jésus (‘Issa, leur Prophète) fêter l’anniversaire de Mohammmad revient à  les copier. l’imam Ahmed a rapporté que Mahomet a dit : « Celui qui imite un peuple, fait partie intégrante de ce peuple. » l’imam At-Tirmidhi a rapporté que Mahomet a dit : « Il n’est pas des nôtres celui qui imite des gens différents de nous, n’imitez ni les juifs, ni les chrétiens. » le Prophète qui a déclaré : « Ne me flattez point de la façon dont les chrétiens ont flatté Jésus, le fils de Marie ; certes, je ne suis qu’un serviteur; donc, dà®tes plutôt : serviteur et messager d’Allah ». Beignets au menu pour le baptême De nombreuses familles ont l’habitude de préparer des beignets soit à  base de farine ou encore à  base de mil. Ceci pour rendre hommage au prophète de l’islam. Tout le quartier est sur pied quand le Maouloud s’annonce. Chacun apporte sa tasse chez le chef de quartier afin que sa part de beignet soit servie. « C’’est comme ça depuis des décennies. Nous avons l’habitude et C’’est une très bonne occasion pour se retrouver entre membres du même quartier, débattre des sujets du moment et rappeler les hadiths du prophète » raconte Fousseini Kanté, prêt à  escalader sa moto « Djakarta ». « Dans notre grande famille, à  Badalabougou, nous préparons des beignets à  base de farine. Ces beignets sont ensuite distribués entre les personnes qui viennent suivre le prêche organisé par la famille. Nous envoyons des beignets à  nos parents qui sont loin d’ici, dans d’autres quartiers. Souvent, nous pouvons en préparer des centaines de kilogrammes. Tout le monde aura sa part. Ceci est une tradition dans notre famille » explique Oumar Ba. La commémoration de la naissance du prophète s’est fait le mardi 14 janvier 2014, le baptême est commémoré ce lundi 20 janvier 2014.