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Le Mnla et Ansardine ne sont pas crédibles pour participer à la reconstruction du Mali

Hier, ils étaient imbus de leur puissance militaire et aujourd'hui ils sont pleins de crainte sur le sort qui doit…

Hier, ils étaient imbus de leur puissance militaire et aujourd’hui ils sont pleins de crainte sur le sort qui doit leur être réservé par l’armée malienne (appuyée par la communauté internationale) dans le reconquête du territoire et par les justices malienne et internationale. Ils veulent des négociations : -après avoir, ensemble, éventré et tué près de 100 militaires maliens à  Ag Elhok, les mains liés dans le dos ; -après avoir, ensemble, conquis près des 2/3 du territoire malien ; -après avoir, ensemble, tué, violé et torturé les populations de Gao, Tombouctou, Ménaka, Ansongo, Bourem, Kidal, Djiré, Niafunké, Douentza etc. Leur aventure a jeté des centaines de maliens hors de chez eux, réfugiés dans les pays frontaliers et dans le sud du Mali : on parle de près de 300 000 déplacés. Ensemble, ils ont déclaré unilatéralement l’indépendance de ces territoires occupés ; pour après se déchirer sur la manière de conduire leur à‰tat ; et cela quelques jours seulement après sa proclamation. Comme un seul homme, la communauté internationale a rejeté cette auto-proclamation : ONU, Union Africaine, Europe, etc. Pourquoi n’avaient-ils pas voulu négocier ? -parce qu’ils étaient lourdement armés, avec des armes acquises avec les fonds des trafics en tous genres et celles venant de Lybie ; – parce qu’ils étaient sûrs de détourner pour leur cause, les jeunes touaregs maliens venant des armées de Kaddafi, qui ont passé les 2/3 de leurs vies dans les guerres au Pakistan, en Afganistan, au Liban, au Soudan, au Tchad ; – parce qu’ils savaient qu’ils allaient être rejoints par certains députés, maires, fonctionnaires d’origine touareg ; – parce qu’ils avaient parié qu’ils seraient rejoints par les arabes de Gao et de Tombouctou ; ce qu’ils ont réussi en partie ; – parce qu’ils savaient que beaucoup de militaires touaregs maliens (dont les commandos méharistes formés par le Mali et commandés par des touaregs) les rejoindraient ; – parce que la naà¯veté des dirigeants du Mnla les avait fait penser que le mouvement pouvait utiliser Ansardine de Iyad Ag Ali , Mujao et Aqmi pour assouvir leurs ambitions personnelles démesurées. Aujourd’hui, le Mnla et Ansardine cherchent à  se démarquer des autres ; ce qui n’est pas crédible, ce qui est difficile à  accepter si l’on sait que C’’est grâce à  leurs puissances de feu conjuguées qu’ils ont fait fuir l’armée malienne des villes du Nord, qu’ils ont déclaré ensemble l’indépendance. Ce n’est pas crédible parce que les mêmes individus (chefs de guerre et troupes) passent d’un groupe à  l’autre suivant les rapports de force du moment et pour les gains à  tirer. Sur ce point, les derniers évènements (décembre 2012 et janvier 2013) sont révélateurs : les rebelles Mnla de Ménaka sont passés à  Ansardine, après leur défaite dans les affrontements avec le Mujao, Ansardine a préféré son alliance à  Aqmi en se lançant dans l’offensive sur Konna. En octobre 2011, une délégation de l’Assemblée Nationale du Mali avait rejoint ces groupes armés, à  Zakak dans les grottes à  côté de Kidal, pour essayer de les convaincre de négocier avec le gouvernement. Ces éléments de Mnla et d’Ansardine ont opposé un refus catégorique, malgré les explications et assurances données par les députés sur les possibilités immenses qu’offrent la Constitution du Mali, les Lois sur la Décentralisation au Mali, pour satisfaire les revendications économiques, politiques, culturelles, sociales de tout malien. Ceux qui veulent négocier aujourd’hui font partie des plus grands représentants de l’à‰tat dans les régions occupées. La quasi-totalité des rebelles touareg du Mnla comme de Ansardine sont députés, anciens ministres, maires, conseillers municipaux, militaires, fonctionnaires de l’à‰tat, douaniers, gendarmes, gouverneurs, etc. De l’indépendance à  nos jours, aucune rébellion touareg n’a su s’imposer parce que les populations ne les ont jamais suivis. Le tort de l’à‰tat malien a toujours été de négocier avec eux, en faisant des faveurs aux chefs et à  ceux qui ont pris les armes avec eux. Le tort de l’à‰tat malien a été d’accepter des accords qui ont conduit à  démilitariser les régions du nord, ce qui a contribué à  l’installation de Aqmi dans la région, au développement des trafics de drogue et d’armes et aux trafics humains (otages, émigration vers l’Europe). C’’est bien cette situation d’insécurité (en partie) qui a rendu difficile la réalisation des projets de développement. Qu’ont-ils fait ou proposé, en tant que représentants de l’à‰tat et de la république, pour enrayer cette situation ? Rien, parce qu’ils étaient partie prenante des problèmes, tantôt comme négociateurs pour la libération des otages qu’ils ont contribué à  enlever, tantôt comme principaux bénéficiaires des trafics et du détournement des fonds alloués aux projets de développement. Bien entendu leur comportement pose la question de la gouvernance au Mali. Chaque président de la république, depuis les indépendances a choisi au minimum un touareg dans chacun de ses gouvernements ; certains sont même allés jusqu’à  imposer des maires et des députés touaregs dans certaines localités et régions. De 2002 au coup d’à‰tat, quatre premier-ministres se sont succédés, et tous étaient originaires des régions nord du pays. Avec cela, on ne peut pas dire que le Mali a méprisé ces régions, bien au contraire. Et fort heureusement, les autres maliens ne se sont pas plaints en rejetant sur le nord les échecs des politiques menées par ces gouvernements successifs. Autre point ; le pays a consacré plus de 110 milliards pour le développement du nord, budgets gérés avec des personnalités du nord à  des postes de décision, dont des touaregs. Ces projets comme les autres (portant sur le sud) ont connus peu de succès, handicapés dans le cas du nord par l’insécurité dans la région. Fort de tout cela, on ne peut pas se lever pour dire que le Mali a négligé les régions du nord, on ne peut pas se lever pour dire que l’on veut l’indépendance de ces régions, surtout si l’on est partie prenante à  l’échec du développement, à  la marginalisation des populations de Anefis, de Nioro du Sahel ou de Yorosso. La bonne gouvernance veut que les élus et les agents de l’à‰tat soient choisis respectivement pour leurs légitimités politiques et leurs compétences ; et qu’ils soient redevables devant les citoyens organisés. Pour revenir au Mnla et ses alliés d’Ansardine, Mujao, Aqmi, il faut savoir que ces bandits ne représentent pas les touaregs, dont la majorité est dans la continuité de la culture malienne, dans l’harmonie du brassage ethnique qui caractérise la population malienne et en accord avec les institutions de la république. Les touaregs ne sont pas les premiers résidents des régions nord du Mali et encore moins la population majoritaire. Ils sont à  peine plus de 1% de la population malienne qui s’élève à  14 millions habitants, d’après le dernier recensement. Dans l’histoire de la République du Mali, les considérations ethniques et régionalistes n’ont jamais été évoquées par qui que ce soit, si ce n’est certains chefs touaregs ifogas. Il est vrai que dans leurs rébellions successives, ils sont arrivés à  mobiliser d’autres tribus touaregs ; et dès que les accords leur donnaient certains avantages « dus à  leurs rangs », ils se sont « rangés » jusqu’à  la prochaine rébellion. Le Mali ne va pas se développer si l’on privilégie une ethnie par rapport à  l’autre, si l’on privilégie une région par rapport à  l’autre, si l’on renforce les féodalités touaregs, peulhs, bambaras ou bwas, si l’on met en avant les revendications communautaires, ethniques, régionalistes. Le Mnla et ses alliés d’Ansardine, de Mujao et de Aqmi ont réussi à  mettre le doute dans la tête des maliens, à  créer quelques tendances de replis ethniques. Ils ont fait du tort à  la communauté touareg, en enrôlant des jeunes pour une cause ethnique, pour asseoir leur féodalité, en créant la suspicion envers les touaregs, en mettant fin à  la prédisposition naturelle des maliens à  accepter que le pays consacre plus de moyens pour les populations vivant dans le désert, qu’elles soient touareg, peulh ou arabe. La tâche de la reconstruction sera difficile et très délicate. Elle doit se faire avec le « Chacun pour tous, tous pour le Mali et les Maliens », en organisant et garantissant une justice sévère contre les rebelles d’aujourd’hui et de demain. Le Mali ne pourra plus accepter des accords qui favorisent une région ou une ethnie. Toute faveur de circonstance, pour une région devra être prévue et acceptée par tous, et pour un temps. Cela est déjà  pleinement possible avec nos lois, qui offrent beaucoup de souplesse, tant que la volonté de construire est dans les coeurs. Les textes Décentralisation qui offrent toutes les possibilités de développement local pourront être complétés par le respect des principes de l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE) qui prévoient des dispositions pour que les richesses minières maliennes profitent, suivant des règles transparentes, aux populations d’o๠elles sont extraites ; ce qui ne sera que justice aujourd’hui pour les populations de Kayes, de Sikasso et de Koulikoro, et demain pour celles de Taoudéni et de Gao. l’entente à  organiser entre maliens devra porter sur la Décentralisation, avec des principes similaires à  ceux de ITIE, dans le cadre de la Constitution de 1992. La conférence qui va la bâtir devra clairement déclarer dans ses préambules la fin des différents accords dits de Tamanrasset, d’Alger et du Pacte national. Pour motif, ces accords ont fragilisé l’à‰tat, ont permis aux terroristes de s’installer et ont consacré des faveurs aux touaregs et aux régions o๠ils vivent principalement ; avec les ressources produites et consenties par les autres populations. Pour motif, les éléments essentiels du Pacte national sont contenus dans les textes de la Décentralisation. Si la reconstruction ne se fait pas sur ces bases, il faut croire que le Mali de demain sera encore plus déchiré, car les velléités de replis ethniques et régionalistes ont déjà  commencé ailleurs que dans les régions du nord, en réponse à  celles que le Mnla et ses alliés d’Ansardine, Mujao et Aqmi ont mis en avant.