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Le pouvoir des tresses…

Ce tableau ne pouvait être que pour «toi, qui aime les femmes, cela se voit» me dit-il avec un clin…

Ce tableau ne pouvait être que pour «toi, qui aime les femmes, cela se voit» me dit-il avec un clin d’œil. Si je n’ai jamais vu le tableau, je dois reconnaà®tre que la sentence illustre bien le rôle de la femme en Afrique et au Mali. Au marché, partis faire quelques provisions, nous étions fascinés par le travail quotidien des femmes. Enfants sur le dos et à  la main, un chargement de 30 kg et plus sur la tête, le rangement impeccable, quasi obsessionnel, mais hautement esthétique, des fruits ou légumes sur l’étalage. Je me souviens avoir vraiment eu l’air con un jour au marché quand, achetant des bananes à  une jeune femme je me proposais de l’aider à  remettre son chargement sur sa tête… c’était vraiment très lourd. Je ne m’y attendais pas et j’ai bien failli ne pas y arriver. Tentez un jour l’expérience. Il est tentant de se dire que si l’Afrique était gouvernée par des femmes tout irait peut-être mieux. On me dit généralement que « les hommes font le jour ce que les tresses disent la nuit », mais si ce pouvoir des tresses existe, il est bien caché et que les hommes, par fierté, auront du mal à  laisser le pouvoir ou même la tentation du pouvoir aux femmes. Lors des dernières élections présidentielles de 2007, un ami me racontait qu’une candidate s’était vu retirer sa candidature par son mari sans que celui-ci ne l’ait prévenue… Un jour arrivera sans doute o๠les femmes maliennes viendront « balayer la maison », ce qu’elles font fort bien en général dans les manifestations. Elles sont d’ailleurs à  l’origine de la chute des deux derniers présidents, Moussa Traore et Amadou Toumani Touré, en conduisant elles-mêmes les manifestations de colère contre le sort qui était réservé à  leurs maris et leurs enfants. Nues face aux soldats de Moussa Traoré, elles utilisaient leur corps bien avant les féministes de Femen. Et au Mali, en effet, « Dans l’entendement des personnes âgées, aucun pouvoir ne peut résister à  la malédiction de la femme nue. Dans notre société, la femme incarne ce qu’on appelle en bambara le sutura (pudeur ou discrétion), et voir une femme qui n’est pas votre épouse nue est porteur de malheur » (El hadj Mahamane Touré). A Tombouctou, il y a encore peu de temps, ce sont des femmes qui manifestaient contre l’application de la Charria et les contrôles « sous les voiles » effectués par les nouveaux hommes forts de la place sous prétexte de rigueur religieuse.