Le salut dans le patriotisme

Quand les loups se mettent ensemble pour chasser la hyène d’une charogne, il n’est pas surprenant de les voir s’entre-déchirer…

Quand les loups se mettent ensemble pour chasser la hyène d’une charogne, il n’est pas surprenant de les voir s’entre-déchirer ensuite pour avoir la part belle ! Ce tableau nous renvoie à la crise qui secoue le football malien depuis le 10 janvier 2015 et qui a connu une évolution (dissolution du Comité exécutif de la FEMAFOOT le 8 mars 2017) dont on aurait pu se passer si, dans les deux camps, la bonne foi était la chose la mieux partagée. Et surtout si les protagonistes se battaient réellement pour le développement du sport roi au Mali.

La crise du football n’est pas liée aux textes qui régissent notre football car nous avons toutes les raisons de croire que cette discipline est régie dans notre pays par l’un des meilleurs textes au niveau de la FIFA. C’est plutôt une crise d’ego et d’intérêts personnels. C’est ce qui s’est passé au sein de l’Alliance contre nature « Tout sauf Kola » (Hamadoun Kolado Cissé, décédé le 27 juillet 2015 après avoir dirigé la FEMAFOOT de 2009-2013), qui a hissé Boubacar Baba Diarra à la tête de la Fédération le 6 octobre 2013 à Sévaré.

Des intérêts ? Ces responsables sont pourtant sensés être des bénévoles ! Se limiter à cela, c’est ignorer ou faire fi des enjeux financiers de la gestion du football aujourd’hui. Malgré le fait que les Aigles aient été éliminés au premier tour de la CAN Gabon 2017, la CAF a versé à la fédération près de 360 millions de francs CFA de dividendes sur les droits de télévision, le sponsoring, etc. Une manne financière normalement destinée au développement du football et que la Fédération gère sans rendre compte à qui que ce soit. Ainsi, des centaines de millions de francs CFA tombent régulièrement dans les caisses des fédérations après chaque grande compétition et se volatilisent sans que personne ne sache comment ils ont été dépensés. Pourtant, en Afrique, c’est l’État qui finance le sport, notamment le football. Au Mali, le Trésor public paye les salaires de l’encadrement technique, la préparation et la participation aux compétitions. Même les tickets de métro des joueurs pour venir au regroupement à partir des gares de Paris. Mais il est écarté de la gestion des retombées financières.

Déjà divisés par la mise en place des commissions du Comité exécutif, la rupture a été consommée entre les Alliés de Sévaré à l’issue d’une rencontre (2014) entre les clubs de première division et le président de la FEMAFOOT qui leur a déclaré que la fédération est endettée à hauteur de 300 millions de francs CFA. Une situation incroyable pour le président du CS Dougouwolonfila (CSD), Gaoussou M’Pa Sylla, qui accusa le président de mauvaise gestion et de détournements. Et cela d’autant plus que le nouveau bureau héritait, quelques mois plus tôt, d’une fédération jouissant d’une très bonne santé financière. L’intransigeance des frondeurs et la volonté du président de FEMAFFOT de renvoyer au vestiaire tous ses adversaires nous ont conduits à ce chaos.

Quelle est la solution ? Le meilleur moyen de mettre une discipline à l’abri d’une crise comme celle vécue par le football malien, c’est le respect du mandat. Un principe sacré pour l’olympisme. Ce qui, statutairement, fait de l’Assemblée générale le lieu le mieux indiqué pour débattre de toutes les questions et des décisions idoines à prendre. La réponse fait alors appel au sens du patriotisme et de la responsabilité. Il faut alors que les protagonistes surmontent rapidement leur ego et surtout sacrifient leurs intérêts pour s’asseoir et décider de la levée de toutes les sanctions contre tous les dirigeants et la mise en place d’une commission d’organisation indépendante de l’Assemblée générale élective d’octobre prochain.

Après ce protocole d’accord, le ministère des Sports pourra abroger la décision de suspension du CE de la FEMAFOOT entraînant du coup la levée de la suspension de la FIFA. Utopie ?