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Législatives sénégalaises : le flou artistique

47 listes sont en lice pour les législatives prévues pour le 30 juillet prochain au Sénégal. Une pléthore de candidats…

47 listes sont en lice pour les législatives prévues pour le 30 juillet prochain au Sénégal. Une pléthore de candidats parmi lesquels l’électeur se perd. Pour adapter le dispositif, une révision de la loi électorale est prévue, ce qui provoque le tollé au sein de l’opposition.

C’est un fait inédit dans l’histoire politique du Sénégal : pour les législatives de fin juillet, les électeurs auront le choix entre une foule de candidats pour 165 fauteuils à pourvoir. Aux dernières élections des députés, en 2012, il n’y avait que 24 listes, contre 47 cette année.

Ce nombre important de candidatures pose de sérieux problèmes d’organisation, qui débouchent sur des contentieux entre majorité et opposition. Conformément au Code électoral, l’électeur doit obligatoirement prendre chacun des bulletins avant d’aller dans l’isoloir pour en choisir un. Cet exercice avec 47 listes, même regroupées sur 4 bulletins de vote, s’annonce fastidieux pour les Sénégalais en âge de voter, dont on craint l’abstention.

De la méthode La Commission électorale nationale (Cena) sénégalaise a donc voulu prendre les devants. C’est le ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo, qui l’a annoncé mardi 4 juillet, faisant état d’une «large majorité» en faveur d’une proposition permettant à l’électeur de prendre 5 bulletins au lieu de 4. A un mois du scrutin, c’est donc vers une révision de la loi électorale que l’on s’achemine et les ténors de l’opposition n’entendent guère faire de consensus autour de ce projet, qui devrait être soumis aux députés « dans les plus brefs délais », selon le ministre. Ils ont déjà donné de la voix, estimant que cette modification était inacceptable. Un front du Non a même vu le jour, réunissant pas moins de 6 partis et coalitions qui ont décidé de poser leur véto au vote du projet.

« Mais pourquoi la CENA et le gouvernement ont-ils tant peur et redoutent-ils tellement cette solution idoine du bulletin unique, qui est facile, transparent, fiable, peu onéreux et qui a fait ses preuves ailleurs ? » s’interroge l’écrivain militant sénégalais Mandiaye Gaye. C’est en effet l’option du bulletin unique qui est promue par une partie de la classe politique, et cela depuis des décennies. Elle permettrait d’harmoniser le scrutin et surtout d’en assurer la transparence. En attendant que la campagne ne commence et que l’on voit, ou pas, sur les routes l’ancien chef d’Etat, Abdoulaye Wade (91 ans), et Khalifa Sall, le maire de Dakar, détenu pour des soupçons de détournement de deniers publics mais néanmoins tête de liste lui aussi, les Sénégalais commencent à se désintéresser de cette élection qui s’annonce, somme toute, bien compliquée…