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Les femmes, pas matheuses du tout?

Aujourd'hui 31 juillet, le Mali, comme un grand nombre de pays du continent, célèbre la journée panafricaine des femmes. Le…

Aujourd’hui 31 juillet, le Mali, comme un grand nombre de pays du continent, célèbre la journée panafricaine des femmes. Le thème que l’Organisation a choisi cette année est évocateur à  bien des égards : «Rôle des femmes et des jeunes filles dans l’éducation, les sciences et les nouvelles technologies en vue d’une renaissance africaine ». On sait qu’après le congrès de Dakar, en 1978, l’organisation s’est proposé comme objectifs à  atteindre l’émancipation de la femme africaine, la libération totale du continent africain du joug colonial, l’élimination de l’apartheid et l’instauration d’une justice commune qui défend les Droits de l’Homme. Disons le tout de suite, l’éducation des femmes et des jeunes filles est sans conteste un sujet de préoccupation générale qui éveille des résonances intenses jusque dans les Nations Unies, et apparaà®t comme une solide garantie du développement social, économique voire politique par lequel passe le bien-être social. Même si aujourd’hui, le constat qui se dégage est à  déception moins un, à  partir du moment o๠les filles et les femmes brillent par leur faible représentativité dans les champs des études scientifiques, techniques et technologiques dont la conséquence est facile à  envisager : emploi peu rémunérateur, absence des instances de prise de décision. Il faut tout de suite relever que ce thème réchauffe du vieux débat sur la désaffection des femmes pour les carrières scientifiques, qui, de plus, ressuscitent le schéma classique des « petits garçons scientifiques en herbe » et des « petites filles littéraires en puissance », schéma si chers aux tenants du discours sexiste. En effet, les stéréotypes les plus répandus pensent que les femmes seraient moins douées pour les mathématiques que les garçons qui tiendraient le haut du pavé dans les filières scientifiques, comme si les sciences avaient un sexe. C’’est là  un stéréotype qui a fini par devenir une réalité… Au point que des chercheurs ont tenu à  la creuser, histoire de voir de quoi il retourne. Ainsi, les chercheurs Pascal Huguet et Isabelle Regner se sont penchés sur la question et en sont arrivés à  dégager nombre de facteurs. D’abord, l’éducation qui diffère d’une fille à  un garçon et pèse dans l’orientation future des enfants : « les petits garçons pratiquent plutôt des jeux de construction et des jeux collectifs en plein air, football ou autre, qui renforcent leur aptitude à  se repérer dans l’espace et à  s’y déplacer. Cet apprentissage est capable d’influer sur leur fonctionnement cérébral en favorisant la formation de circuits de neurones spécialisés dans l’orientation spatiale. Quant aux petites filles, elles sont réputées pour jouer davantage dans l’enceinte de la maison, o๠elles reproduisent des rôles sociaux (jouer à  la maman, à  la marchande, à  la ménagère, etc.) qui feraient plus intervenir le langage.» Il se trouve que ces conclusions remettent en question l’idée d’un déterminisme biologique qui empêcherait les femmes de réussir dans les filières scientifiques, développée par la psychologue canadienne Doreen Kimura. D’autres facteurs sont évoqués, tel que celui lié aux hormones… C’’est vrai, les statistiques ne sont pas disponibles au Mali sur la présence des filles dans les champs des études scientifiques et technologiques, ce qui peut d’ailleurs être considéré comme une tendance chez les autorités scolaires à  ne prendre au sérieux la problématique qui est d’actualité et mérite réflexion. Car, aujourd’hui, ce qui était perçu comme une méditions génétique chez les filles s’est avéré un mythe, «encore l’idée reçue des hommes. », pour reprendre une jeune étudiante qui assure qu’« elles sont certes moins nombreuses mais s’intéressent de plus en plus à  cette filière». l’avenir des sciences appartiendrait-il aux femmes ?