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Les hommes et les femmes de l’année (1)

Soldat Damien Boiteux ou le refus d'armer l'ennemi Le Mali sauvé, sorti de l'ornière des djihadistes, doit beaucoup à  ceux…

Soldat Damien Boiteux ou le refus d’armer l’ennemi Le Mali sauvé, sorti de l’ornière des djihadistes, doit beaucoup à  ceux qui ont payé de leur vie pour le retour de la paix et la préservation de l’intégration territoriale. Nous nous inclinons ici devant la mémoire du soldat inconnu et particulièrement celle de Damien Boiteux tombé à  Konan aux premières heures de l’intervention Française au Mali en Janvier 2013. Héroà¯que, il a su malgré ses blessures ramener son aéronef à  la base avant de rendre l’âme. Chef de bataillon, il devait fêter son quarante deuxième anniversaire le 24 novembre dernier. Son parcours militaire commence en 1991 à  l’Ecole des Sous-officiers d’Active de Saint Maixent. Devenu pilote un an plus tard, il gravit les échelons et étrenne ses galons de maréchal de logis chef à  la veille de son intégration comme moniteur à  l’école d’application de l’aviation légère de DAX. C’’est là  qu’il porte sa première barrette d’adjudant et rejoint le détachement de l’aviation légère de PAU. Aspirant puis lieutenant, Damien Boiteux servira sur plusieurs théâtres d’opération dont la Côte d’Ivoire, Djibouti, la Mauritanie, le Burkina Faso et enfin le Mali oà¹, en tant que membre des forces spéciales françaises doué dans les interventions en milieu désertique, il a succombé à  ses blessures en plein vol le 11 janvier de cette année. Les militaires de l’opération Serval viennent de construire un foyer dans le camp qui porte son nom à  Gao. François Hollande : le sauveur Même s’il semble perdre de sa superbe aujourd’hui aux yeux des Maliens qui désapprouvent la position ambiguà« de la France à  Kidal, le Président français Hollande fait sans doute partie des personnalités ayant marqué l’année 2013 au Mali. l’opération Serval est passée par là . En effet en décidant de déclencher cette opération militaire en janvier 2013, le président français a stoppé net l’offensive fulgurante des forces obscurantistes narco-djihadistes et autres terroristes qui étaient à  deux doigts de menacer l’existence même du Mali. Du coup il a sauvé in extremis tout le Mali et par ricochet la sous-région. l’accueil populaire à  lui réservé en février lors de sa visite au Mali dans la foulée de la libération du nord, témoignait éloquemment la reconnaissance et la gratitude à  l’endroit de celui qu’on considère comme le Sauveur. En tout cas l’hebdomadaire malien « Le 26 Mars » a déjà  tranché dans sa dernière parution de l’année datée du vendredi 21 décembre 2013. Dans un article signé de son directeur de publication désignait, avec force arguments, François Hollande l’homme de l’année 2013 au Mali. IBK, le temps du pouvoir: « Je l’ai dit, je le ferai In cha Allah, » Elu avec 77 % des suffrages exprimés, IBK a fait sa mue. Le «kankéletigui » (l’homme qui tient parole) a décodé les signaux des électeurs. Autrefois assimilé à  un viveur adepte de la musique salsa et du bon vin, IBK a usé du triptyque rigueur- foi- engagement pour séduire des électeurs qui l’avaient effacé de leur choix. Avec des discours ponctués de « je l’ai dit, in cha Allah, je le ferai ! » et « nul ne sera au dessus de la loi », l’enfant de Koutiala ancien manutentionnaire en France s’est métamorphosé en « Ladji Bourama ». Ces voisins qui prient avec lui le vendredi à  la mosquée du marché de Sébénicoro disent « qu’il est un imam » et à  ce titre ses engagements électoraux ne seront pas de viles promesses. Ancien premier ministre, ancien président de l’Assemblée Nationale, IBK hérite d’un pouvoir en lambeaux. Il s’installe à  la tête d’un pays déchiré, morcelé et encore convalescent. Il cristallise bien des espoirs et chacun de ses actes doit porter l’empreinte des aspirations de son peuple. Victime maintes fois de tripatouillages électoraux, IBK peut contredire l’adage qui fait du « 13 » un chiffre maléfique. IBK symbolise le retour à  l’ordre constitutionnel synonyme de retour de flamme pour le combien omniprésent capitaine Amadou Sanogo. Dioncounda Traoré, mission accomplie ! « Etat à  genoux, agressé et menacé de disparition », le Mali était une équation à  plusieurs inconnues que le mathématicien Dioncounda Traoré a su résoudre. Cet enfant de Kati est un béni des dieux. Ceux qui le connaissent bien épiloguent sur les temps forts de sa vie. Cet homme de consensus n’a jamais accepté de se battre pour occuper un poste. A l’Ecole Nationale des Ingénieurs, ni pour le poste de directeur, à  l’Assemblée Nationale, ni pour le perchoir et récemment à  la Présidence de la République, Dioncounda Traoré se voit alors propulsé à  des postes convoités sans compétir. On dit de lui qu’il tient tout de sa bonne étoile. Plusieurs fois ministre de la République, il trouve toujours l’occasion de faire un saut chez sa mère pour des bénédictions. En bon parachutiste, il sait manœuvrer pour se poser et s’imposer au bon moment, au bon endroit et pour la bonne cause en homme de la situation. Surveillé par la classe politique, suspecté par la junte, soutenu par la République, corrigé par la rue en colère et coltiné par la communauté internationale, le président par intérim a réussi sa mission avant de passer le témoin à  IBK. Didier Dakouo : l’homme du front Ce quadragénaire est un officier atypique. Il est devenu une légende vivante pour avoir eu l’audace, voire le toupet de défier le capitaine Sanogo alors homme fort du Mali. Le colonel-major Didier Dakouo fait la fierté du prytanée militaire qui lui a ouvert les portes de l’armée. Longiligne, frêle, toujours prêt à  aller au front, ce chef des opérations militaires dans le nord du Mali n’a pas mis de gants durant l’occupation du nord du Mali en 2013 pour dire que « l’armée est à  l’image du pays, en putréfaction ! ». Mieux, il a invité « le capitaine Sanogo et sa bande à  venir défendre la patrie sur le terrain d’autant qu’une fois le nord libéré, je me chargerai du cas des putschistes », a t-il ajouté. Volontariste, le fantassin Didier Dakouo n’a jamais rechigné à  diriger ses troupes pour la libération de Konan, Gao et Anéfis. Jeune vétéran de la guerre du nord du Mali promu Général, sous-chef d’Etat major Général des armées, Didier Dakouo incarne désormais par sa ténacité la nouvelle race d’officiers dont le Mali a tant rêvé. Exit les 66 généraux d’ATT. Idriss Déby : Le héros A l’occasion de la cérémonie d’investiture du président Ibrahim Boubacar Kéita, le 19 septembre au stade du 26 Mars de Bamako, le président du Tchad, Idriss Déby, a su mesurer l’estime et reconnaissance que le peuple malien lui voue ainsi qu’à  son pays. En l’emportant à  l’applaudimètre ce jour sur ses pairs et François Hollande, les Maliens ont tenu à  le remercier et surtout à  rendre hommage aux militaires tchadiens tombés à  Kidal. Pendant que les pays de la CEDEAO traà®naient des pieds pour intervenir au Nord du Mali, Idriss Déby dont le pays appartient pourtant à  l’Afrique centrale n’a pas hésité à  envoyer ses militaires aguerris au combat dans l’Adrar des Iforas (région de Kidal) pour la libération du Mali. Avec 1 800 militaires soit le plus gros contingent africain, le Tchad a joué, aux côtés des militaires français, un rôle déterminant dans l’anéantissement des djihadistes. Au prix du sacrifice suprême de plus d’une trentaine de ses vaillants guerriers. Moussa Sinko Coulibaly : Monsieur élections Moussa Sinko Coulibaly a été révélé au public à  la faveur du coup d’Etat du 22 mars lorsqu’il a été nommé directeur de cabinet de l’ex-chef de la junte Amadou Haya Sanogo. Réputé être l’intellectuel de la junte, il sera nommé ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire dans les différents attelages gouvernementaux de la Transition. Malgré son jeune âge et son manque d’expérience avérée en politique, ce Saint-Cyrien de 41 ans a réussi à  organiser avec perfection l’élection présidentielle remportée par Ibrahim Boubacar Kéita. Et C’’est en toute logique que le désormais général de brigade, depuis août 2013, sera reconduit dans le gouvernement d’Oumar Tatam Ly pour organiser les élections législatives dont les résultats définitifs seront bientôt proclamés par la Cour constitutionnelle. Des élections déjà  unanimement saluées par les différentes missions d’observation électorales. Le général Moussa Sinko Coulibaly, est surtout loué pour sa grande disponibilité, son sens élevé de l’Etat, un homme qui a su se défaire de l’emprise de la junte de Sanogo pour entrer de plein pied dans l’histoire électorale du Mali. Sira Diop : l’adieu à  une pionnière de la lutte pour l’émancipation des femmes Elle aura inspiré et formé des générations de femmes maliennes, en marquant son siècle. Mme Diop Sira nous a quitté le dimanche 17 novembre. Présidente de l’Union Nationale des femmes du Mali, au lendemain des indépendances, pionnière de toutes les luttes féminines, elle a œuvré dans les ONG, les villages d’enfants SOS, l’Unesco, et auréolée du Prix Rafao des femmes d’Afrique de l’Ouest, elle a poursuivi le combat de l’émancipation des femmes : « Dans les sociétés matriarcales et les femmes étaient presqu’à  égalité avec les hommes. », rappelait-elle. Et jusqu’à  ce Code de la Famille, en 2009, oà¹ à  l’inverse d’autres militantes, elle évoquait les dangers du recul que pouvait apporter le rejet du nouveau texte, rien ne dissuadait Mme Diop Sira de dire la vérité. L’épisode fut douloureux pour les femmes, mais Sira Diop avançait, avec conviction, patiente, consciente du temps que prendrait les choses pour équilibrer cette société, conservatrice, avide d’ouverture, mais toujours en recherche d’elle même. La réalisatrice Fatoumata Coulibaly, lui a consacré un documentaire de 26 mn, au titre évocateur : Sira Diop, le fleuve intarissable, « Badjiba Djabali ». Et cette idée, c’était tout elle. L’intarissable Sira Diop, un fleuve o๠il fait bon se désaltérer, tant il est riche de connaissances, d’expériences, d’anecdotes, de leçons de vie.