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Les mariés se cachent pour dormir (suite et fin)

« Je suis officier mais à  la maison je suis un mouton dominé par une femme bagarreuse » révélait Zoromé,…

« Je suis officier mais à  la maison je suis un mouton dominé par une femme bagarreuse » révélait Zoromé, capitaine de son Etat, pour qui « l’homme doit se prémunir face à  une femme souris ». l’expression qualifie l’épouse modèle le jour et pleurnicharde la nuit tombée. « Elle passe tout son temps à  piailler et à  se plaindre » lance crûment le militaire. Son ami d’enfance, Samaké, en vrai gardien du temple pour ne jamais avoir réussi à  décrocher un emploi salarié, emmagasine les secrets des uns et des autres. « Mes amis ont percé et gagnent beaucoup d’argent mais ils sont tombés sur des femmes opportunistes. Elles se sont battues pour se faire épouser, avoir un toit, faire des enfants, prendre le prix des condiments et faire souffrir leurs maris. Ici, chaque week-end, nous mettons le paquet pour qu’ils passent du bon temps et mangent du bon méchoui avec un thé serré assorti d’accessoires utiles à  la virilité ». Sur le boulevard de l’indépendance, des « grins » formés depuis l’enfance constituent le cordon ombilical entre des adultes dispersés dans la capitale suite à  leur mariage. Ils se retrouvent le samedi pour jouer au football, boire du thé et se rappeler des merveilleux moments vécus ensemble autrefois. Le temps de l’insouciance a cédé la place à  celui des regrets. Saloum, sérigraphe la semaine et gardien de but occasionnel, ne cache pas sa déception. « Je passe mon temps à  me demander comment J’ai pu me laisser ferrer par ma femme. Je ne ressens plus rien à  ses côtés depuis qu’elle a jeté mon téléphone dans l’eau suite à  un appel de ma sœur qu’elle a confondu à  une copine. Une fois, J’ai découvert un couteau sous son oreiller et depuis je dors seul. Le mariage est un calvaire. Je n’ai même plus le droit de me faire beau alors je profite du week-end pour me coiffer et draguer un peu ». Le psychologue-clinicien Dembélé Abdoulaye analyse tout ce qui précède par « une déception symptomatique qui commence parfois le jour même du mariage. Les femmes se battent pour gagner un Mari pendant que les hommes cherchent une Mère, celle de leurs enfants. l’un comme l’autre n’est pas préparé à  cette vie de couple qui requiert renoncements et compromis. Le sentiment de prisonnier installé, chaque conjoint se réfugie dans un passé fait de conquêtes et de libertinages ». Alors pourquoi ne pas divorcer ? La question hante les hommes qui ont du mal à  voir leur « bien » se recycler ailleurs et les enfants vivre avec un autre père. Pour les femmes, le divorce est un échec social aux conséquences fâcheuses.