Des couleurs vives, des formes abstraites et toutes les matières : toile, terre, eau, métal, bois… Voilà  la base de la création de la jeune Massira Touré, 23 ans, artiste peintre. Son inspiration : la vie, et en particulier celle des filles. « J’ai choisi l’éducation des filles parce que je trouve qu’elle n’est pas assez prise en compte. Ni par les parents, ni par les gouvernants », explique-t-elle. Mais pas n’importe quelle éducation. « Nos bonnes mœurs et nos coutumes sont en voie de disparition et il faut changer la donne », poursuit l’artiste qui a choisi les pinceaux pour sensibiliser sur ces questions de société. à€ travers ses tableaux au style inimitable, dont le tout premier intitulé « Silence » date de ses années de lycée, Massira exprime ce qu’elle veut que la jeune fille malienne soit. Elle met en exergue l’importance des pagnes tissés dans la pratique bambara pour exprimer les valeurs de la femme. Car selon elle, si une femme est bien éduquée, c’est toute la société qui en bénéficie. Bien que sa notoriété soit déjà  acquise grâce à  sa participation à  plusieurs expositions nationales et internationales, Massira ne vit pas encore de son art. « Malheureusement, la peinture n’est pas trop connue au Mali et le produit n’est pas consommé, car la société ne comprend pas ce que nous faisons ». N’empêche, elle continue de créer et participe à  de nombreux projets artistiques. Membre des collectifs Anw-Ko-Art et Kaoral, elle n’en poursuit pas moins ses études et prépare son master en arts plastiques au Conservatoire national des arts Balla Fasseké Kouyaté. Son grand rêve est de pouvoir exposer l’une de ses collections dans une grande exposition internationale. En attendant, elle veut rassurer les parents qui s’inquiètent quand leurs enfants choisissent la peinture. «L’art plastique n’est pas un mystère, nous cherchons à  véhiculer des messages à  travers la peinture», rassure la jeune Malinké.