Les travailleuses du « Sexe » face aux islamistes

Une fois de plus, les musulmans maliens ont tenté de descendre dans les rues de Bamako pour dénoncer certaines pratiques…

Une fois de plus, les musulmans maliens ont tenté de descendre dans les rues de Bamako pour dénoncer certaines pratiques qui selon eux, déshonorent l’islam, mais aussi le Mali, un pays fondé sur les valeurs sociales très fortes. Ils étaient plus de 200 personnes sous la houlette de Mohamed Kibiri, membre du haut conseil Islamique du Mali à  débarquer au centre international de conférence de Bamako ou se tenait la conférence des travailleurs des sexes la semaine dernière. Rentrés en fracas, les membres des associations musulmanes ont même tenté de sceller la porte de la salle o๠se déroulait la conférence sous les yeux impuissants des forces de sécurité. Les participants n’ont eux pas paniqué mais simplement plié bagages pour chercher d’autres locaux à  leurs travaux. Sur place, certains religieux surexcités ont failli en venir à  la violence pour dissuader les participants de cette conférence venus des différents pays de la sous région. D’autres brandissaient même des chapelets en critiquant cette conférence, jugée scandaleuse et relevant de l’irresponsabilité de l’Etat qui l’a autorisé. Appel au dialogue et à  la compréhension Avant la tenue de la conférence, les familles fondatrices ( Les Niaré, Touré, Dravé ) de Bamako avaient évité le pire, car les musulmans s’étaient réunis la veille, devant la grande mosquée de Bagadadji avec pour seul objectif de boycotter les travailleurs du «Â sexe » présents à  la conférence. La conférence a elle été organisée par le réseau francophone sur le thème «Â projet travail du sexe » et qui vise à  développer une stratégie commune pour la santé et les droits humains en améliorant les conditions de vie des travailleuses du sexe et de leurs enfants ». Selon les organisateurs, la conférence visait aussi la formation d’une alliance regroupant les travailleuses du sexe et les organisations soutenant les personnes de ce métier. En gros, faire du plaidoyer actif pour les droits des travailleuses et travailleurs du sexe. Les participants venaient des pays membres du Réseau que sont le Mali, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la République Démocratique du Congo, le Cameroun, le Madagascar, l’Algérie et le Maroc. Stratégie de plaidoyer A l’issue de la conférence, se dégagera donc une stratégie et un plan d’action pour le Réseau. Promouvoir une compréhension commune du cadre sociopolitique, juridique, culturel et économique du travail du « sexe »Â dans les pays représentés. Chaque participant donnera ainsi une vue d’ensemble de son travail concernant son pays. Et n’eut été la grogne des musulmans, cette conférence, particulière en son genre, aurait planché dans la sérénité sur les droits des travailleurs du sexe, concernés par ailleurs, par la sensibilisation sociale en matière de VIH Sida. La tolérance doit rester une valeur commune entre êtres humains, quelque soit leur confession religieuse !