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Lettre ouverte à la Commune IV du district

La campagne pour les élections municipales partielles dans notre commune s'est ouverte le 21 janvier 2011. Et déjà , nos ronds-points,…

La campagne pour les élections municipales partielles dans notre commune s’est ouverte le 21 janvier 2011. Et déjà , nos ronds-points, nos murs, les poteaux d’éclairage publiC’… sont pollués par des affiches. Même les panneaux privés d’affichage ne sont pas épargnés par cette opération. Et tout cela pour nous proposer quoi ? Des illusions, des mirages ! Lettre ouverte d’un citoyen. Chères concitoyennes, chers concitoyens, De l’avènement de la démocratie à  nos jours, combien de promesses ont-elles été tenues en faveur de notre commune ? Très peu ! Les rares espoirs comblés datent de l’ère Bocoum (paix à  son âme). Par rapport au niveau de développement économique, notre commune est presque la dernière de Bamako. Ce qui ne surprend pas parce que nous avons presque toujours eu à  la tête de notre municipalité des parfaits inconnus qui sont devenus des barons de leurs partis à  cause de la fortune tirée de la spéculation foncière. Oui, la spéculation foncière est en réalité le seul projet qui leur tienne à  C’œur ! Et tout l’arsenal de séduction électorale mis en œuvre pour récolter nos suffrages ne visent qu’une chose : se faire élire et s’assurer un avenir serein sur le dos des citoyens ! Au moment o๠les différentes listes vont rivaliser en mensonges et en démagogies pour pouvoir diriger notre commune, nous devons nous poser des questions qui nous paraissent essentielles. Devons-nous confier le sort de notre municipalité à  des gens qui n’ont d’autre projet que le foncier ? Devons-nous continuer à  voter pour des gens incapables d’initier des actions de développement concrètes pour la population, notamment les femmes et les jeunes ? Pourquoi tant de débauche d’énergie pour se faire élire ? N’est-ce pas seulement pour le prestige politique et non pour le développement de notre commune ? Si le développement de la Commune IV était réellement leur motivation, pourquoi notre municipalité stagne ? Oui, chers concitoyens, les différentes équipes qui se sont succédé à  la mairie n’ont rien réalisé qui puisse faire notre fierté. Aucune infrastructure marchande digne de ce nom. Aucune réalisation socio-éducative, sportive et culturelle n’a été conçue pour l’épanouissement de nos enfants et de la jeunesse. Bien au contraire. Certains tentent aujourd’hui de reprendre aux jeunes les rares terrains de sport et de loisirs hérités des anciens régimes pour les monnayer et gonfler leurs comptes en banque. Pis, regardons un peu autour de nous. En dehors des voies bitumées réalisées par le gouvernement, il n’y a plus de routes dans notre commune. Une fois qu’on quitte le goudron pour s’enfoncer dans les quartiers, il faut se préparer à  affronter les nids-de-poule. Les rues pavées poussent dans toutes les communes sauf la nôtre parce que nos élus n’ont jamais été porteurs de projets ambitieux pour le bien-être collectif. C’’est pourquoi la moindre goutte de pluie provoque des inondations transformant les rues et les principales artères en mares. La mairie principale et des centres secondaires sont ainsi régulièrement inondés dans l’indifférence totale des élus. Que font alors les différentes équipes municipales avec les taxes municipales récoltées et dont les montants annuels ne sont jamais révélés aux populations. Pourtant, la transparence dans la gestion commence par rendre compte des montants perçus comme taxes et l’usage qui en a été fait. Que nenni ! Et chaque fois, ce sont les mêmes partis qui viennent solliciter nos voix pour continuer à  abuser de notre confiance et à  nous mener en bateau vers le chaos social et économique. Que faire ? Se lever ! Comme le disait le sage et regretté Joseph Ki-Zerbo du Burkina Faso, « si nous nous couchons, nous sommes morts ». Et la même éminence grise disait que lorsqu’on n’est pas d’accord, il faut dire non ! Il est alors temps de dire non à  ces marchands d’illusions qui ne convoitent nos suffrages que pour le prestige de leurs partis et pour leur propre ascension sociale. Dire non, C’’est voter en son âme et conscience avec une seule considération : la capacité du candidat à  développer la Commune IV ! Il n’est pas interdit de prendre le thé, les pagnes, les T-shirts, voire les enveloppes de ceux pour qui la politique n’est qu’un commerce d’illusion, de mirages. Mais, cela ne doit plus influencer notre vote. Dire non, C’’est donc refuser de monnayer son bulletin, de vendre sa conscience. Ceux qui briguent nos suffrages ne viennent pas d’ailleurs. Ils sont de notre commune, donc connus de tous. Nous savons ce qu’ils valent, de quoi ils sont capables quand il s’agit de défendre l’intérêt collectif. Chères concitoyennes, chers concitoyens Ces élections partielles interpellent beaucoup plus les électeurs que ceux qui se battent pour se faire élire. Elle nous offre une grande opportunité de mettre le pied dans le plat pour que notre commune ne soit plus un « gâteau » à  partager entre des listes d’opportunistes dont la seule motivation est l’enrichissement personnel après avoir trompé notre vigilance ou acheté notre conscience. Dire non, C’’est voter en son âme et conscience, en fonction de son intime conviction. C’’est d’ailleurs pourquoi le vote se fait à  bulletin secret ! Changer la façon de gérer notre commune, changer sa destinée n’est ni utopique ni irréaliste ! Nous le pouvons comme les Maliens en 1991 et comme les Tunisiens sont en train de le réussir maintenant. Nous le pouvons et nous le devons pour les générations futures. Nous le pouvons parce que nous avons aujourd’hui l’arme la plus efficace et le carton rouge le plus redoutable pour nous faire entendre et respecter : le bulletin de vote ! Si cela ne suffit pas parce que les dés sont souvent pipés, nous devons alors nous préparer à  la désobéissance civile si jamais l’administration et les juges confisquent notre vote. Nous ne devons plus nous ménager pour démontrer à  ceux qui sont supposés travailler pour les populations, qu’il faut désormais compter avec nous, citoyennes et citoyens de la Commune IV. Nous sommes restés longtemps agenouillés voire couchés en regardant les politiciens agir à  leur guise. Levons-nous pour maintenant siffler la fin de la récréation. Levons-nous pour que notre commune soit enfin la vitrine du district ! A nous la victoire des urnes ! A nous la victoire citoyenne sur l’insouciance et l’inconscience politiques ! Moussa Bolly (citoyen de la Commune IV) Tribune parue dans le journal « Les Echos », le mercredi 26 janvier 2011