Liberté de la presse : le monde moins sûr pour les journalistes

La condamnation du journaliste camerounais Ahmed Abba à dix ans de prison pour terrorisme vient à point nommé pour confirmer…

La condamnation du journaliste camerounais Ahmed Abba à dix ans de prison pour terrorisme vient à point nommé pour confirmer les constats du rapport 2017 de Reporters sans frontières (RSF) : la liberté de la presse est plus que jamais menacée dans le monde.

Publié le 26 avril 2017, le rapport de l’organisation de défense de la liberté de la presse est alarmant. Les journalistes sont dans des situations préoccupantes dans 72 pays sur les 180 classés. La Chine, la Russie, l’Inde, presque tous les pays du Moyen-Orient, d’Asie centrale et d’Amérique centrale, ainsi que les deux tiers des pays d’Afrique, abonnés aux mauvaises places du classement, sont présents à l’appel. Mais RSF s’inquiète particulièrement de la situation dans les grandes démocraties où existe un « risque de grand basculement de la situation de la liberté de la presse ». Sont en recul dans le classement des pays considérés hier comme vertueux, tels les États-Unis (43è, moins 2 places), le Royaume Uni (40è, moins 2 places), ou encore la Nouvelle-Zélande (13è, moins 8 places). La carte du monde dressée par RSF est envahie de rouge (situation difficile) et de noir (très grave), ne laissant en zone verte qu’une cinquantaine de pays, dont la Norvège, 1ère du classement ou le Chili, 33ème, qui perd cependant 2 points.

Afrique, mouton noir Sur le continent africain, la situation est toujours aussi préoccupante. Au Cameroun, le correspondant de Radio France Internationale (RFI) a été condamné le 25 avril à 10 ans d’emprisonnement ainsi qu’à une amende de 55 millions de francs CFA pour avoir été reconnu coupable de « non-dénonciation » et de « blanchiment du produit d’un acte terroriste ». Ahmed Abba avait été arrêté le 30 juillet 2015 en lien avec sa couverture des attaques du groupe terroriste Boko Haram. « L’obsession de la surveillance et le non-respect du secret des sources » est l’une des dérives qui met en danger la liberté de la presse, dénonce l’ONG. Même si l’Érythrée (179è, plus 1 place), habituel dernier du classement, a cédé sa place à la Corée du Nord, l’inquiétude demeure sur le sort de nombreux journalistes, emprisonnés ou menacés. L’Afrique du Nord se trouve également en zone sombre, les journalistes continuant de pâtir des nombreuses restrictions imposées par des États plutôt hostiles à une presse indépendante.

À noter que le Mali se classe à la 116è place, gagnant 6 places par rapport à 2016.