Libre circulation des céréales: les barrages doivent disparaître

Voici un entretien de Diénéba DEME-DIALLO, réalisé avec Salihou Guiro, consultant chargé de la facilitation du commerce et du transport…

Voici un entretien de Diénéba DEME-DIALLO, réalisé avec Salihou Guiro, consultant chargé de la facilitation du commerce et du transport dans le cadre de ce projet. Journaldumali.com : Quels sont les obstacles au libre commerce de céréales dans la sous-région ? Salihou Guiro : Il y a plusieurs obstacles notamment, la création de barrages inutiles sur les routes qui mènent aux pays transfrontaliers. Normalement, il n’y a que trois contrôles, ici, à  la frontière et à  l’arrivée. Tous les autres barrages doivent disparaà®tre. C’’est cela qui crée la spéculation sur les marchés ensuite, car si les commerçants sont obligés de payer des dessous de table aux agents en uniforme anarchiquement déployés sur le terrain, les conséquences vont se sentir sur les prix au marché. Il faut que cela cesse. C’’est pour cela que nous avons associé tous les acteurs aux formations que nous dispensons afin que chacun puisse prendre ses responsabilités : opérateurs économiques, agents en uniforme, transformateurs, etc. [Quelle est la particularité du Mali concernant les obstacles au commerce de céréales ?] Le Mali n’a pas de particularité. Dans ce cas là , ces obstacles au commerce de céréales sont partagés par tous les pays membres de l’Uémoa et de la Cédéao. Chaque pays dans certaines circonstances recourt aux interdictions d’exportation. Selon la réglementation de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), il y a une procédure pour instituer une telle interdiction. Mais dans nos pays, ces interdictions sont verbales, non écrites. Cela dissuade nos opérateurs économiques de vendre les produits agricoles en générale et en particulier les céréales dans les autres pays de la sous-région. Quel intérêt y a-t-il à  supprimer les entraves au commerce de céréales ? Les enjeux de la suppression de ces obstacles C’’est d’abord de contribuer à  la sécurité alimentaire. s’il n’y a pas d’entraves, les produits peuvent circuler librement dans tous les pays. Les pays côtiers exportent des féculents vers les pays du Sahel et les pays du Sahel exportent des céréales. Quand il y a des marchés, les gens investiront plus dans l’agriculture et dans notre cas dans la production des céréales. Ceci aide à  tirer l’agriculture vers le haut. Parce que si les ventes ne sont pas assurées, le paysan ne voit pas d’intérêt à  accroà®tre, sa production, ni sa productivité. Quelles sont les avancées réalisées après les discussions des différentes parties prenantes sur cet aspect ? Les avancées C’’est d’abord d’être parvenu à  mettre ensemble les opérateurs économiques qui partagent les mêmes difficultés, commerçants de bétails, commerçants de céréales, avec les transformateurs, les industriels. Eux qui connaissent tous les mêmes difficultés sur le corridor. Il s’agit de les former aux règles du commerce, de renforcer leurs capacités pour qu’ils puissent défendre leurs droits ainsi que leurs obligations. l’intérêt C’’est aussi de sensibiliser et d’informer les autorités publiques sur les enjeux de ces entraves au commerce. O๠en est l’adoptions des textes pour la libre circulation des céréales en Afrique de l’Ouest ? Les textes sont déjà  adoptés depuis longtemps. C’’est dans les différents traités de l’Uémoa et la Cédéao, la libre circulation des produits alimentaires produits dans la communauté. Pendant un bon moment certains pays appliquaient la TVA (Taxe sur la Valeur Ajoutée), maintenant elle est supprimée partout. Il n’y a pas de TVA ni de droits de douane sur les produits agricoles que nos cultivateurs produisent et qui doivent circuler librement dans les pays de la sous-région. Il n’y a que des formalités, par exemple les trois contrôles routiers effectués au Mali, à  la frontière et à  l’arrivée des marchandises dans le pays de destination. Parmi les résultats attendus, il y a la tenue de l’assemblée générale constitutive de l’association malienne pour la fluidité du commerce Dans le programme de travail, il s’agissait d’une proposition d’alliance entre les acteurs du secteur céréalier et les autres parties prenantes. Finalement, C’’est un comité qui a été mis en place. Un comité qui comprend les acteurs céréaliers et des partenaires comme le Grand Moulin du Mali, Bramali, qui transforment des produits céréaliers. Ils vont vers la mise en place de l’alliance. Quelle est la prochaine étape du projet IICEM ? Nous allons accompagner autant que possible la mise en place de cette alliance si les délais le permettent car le projet IICEM tire vers sa fin, il va fermer en fin d’année 2013. Un autre projet reprendra le flambeau.