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Les Lil rappeurs : Un tremplin vers le succès?

Le phénomène est en vogue dans le milieu hip hop. Parti des États-Unis, il s’est vite propagé dans le monde…

Le phénomène est en vogue dans le milieu hip hop. Parti des États-Unis, il s’est vite propagé dans le monde entier et a pris place dans le rap africain. Au Mali, l’univers du hip hop compte beaucoup de « Lil rappeurs », ces jeunes artistes en quête de notoriété qui se mettent sur les traces des grands ténors de la scène. Simple effet de mode ou véritable tremplin vers le succès ?

Sur le plan international, c’est après l’arrivée de Lil Wayne, de Cash Money, en 1999, avec son album « The block is hot », que la popularité du surnom « Lil » (de Little, petit) a explosé. Avant lui, on comptait une vingtaine de « Lil » et on en dénombre plus de 500 qui ont émergé après ses premiers succès.

En 2018, la plateforme de streaming Spotify a mené une enquête pour savoir le nombre de rappeurs dont le nom débutait avec un « Lil ». Selon ses résultats, on comptait plus de 8 000 rappeurs avec « Lil » dans leur nom, une augmentation de 725% depuis 2016.

Contrairement aux États-Unis, où les « Lil » et les « Young » ne s’inspirent pas forcément du succès d’un ainé pour se tailler une place dans le « rap game », les jeunes rappeurs maliens concernés ont tous un point en commun : non seulement ils se positionnent clairement comme des filleuls de leurs mentors mais ils essaient aussi d’imiter à la perfection leur style.

« Lil Iba Titiden », « Lil Gaspi », « Lil Sidiki Diabaté » « Lil Memo » ou encore « Lil Tal B », ils sont carrément des copies conformes en miniature des stars dont ils empruntent les noms de scène.

Carrières propulsées ?

À en croire plusieurs promoteurs culturels, le phénomène, même s’il a certains côtés avantageux, n’est pourtant pas sans inconvénients.

« Beaucoup le font pour avoir plus de visibilité. Il n’est souvent pas facile de sortir de l’anonymat et de s’imposer, même avec du talent. Quand ils se mettent dans le sillage d’un grand, ce dernier fait leur promotion sur chaque scène », indique Oumar Coulibaly dit Oumar Coul, promoteur du site Diez Star.

« Mais quand un jeune se prénomme « Lil Iba », par exemple, il est clair qu’il aura la cote chez les fans d’Iba One, mais que jamais les fans de Gaspi ne le suivront, parce que Iba One est en concurrence avec Gaspi. C’est cela l’inconvénient », souligne-t-il.

« Quand l’artiste vient avec son propre nom, il a toutes les chances d’avoir une fan base plus élargie », ajoute-t-il.

Les mentors constitueraient-ils donc des limitations à la pleine éclosion du talent des jeunes artistes à l’aube de leur carrière ?

« Dans certains cas oui », répond Oumar Coulibaly. « Ils les bloquent d’une manière ou d’une autre, parce qu’ils veulent qu’ils soient toujours sous leur aile. Les jeunes, au final, ne se sentiront pas plus stars qu’eux », explique-t-il.

Selon lui, ces jeunes pourraient dépasser leurs mentors, avec les innovations et les nouvelles tendances, qu’ils maitrisent mieux, mais il ne faut surtout pas qu’ils tombent dans les clashs en voulant  se mêler des différends qui existent entre leurs ainés.

Pou Ismaël Ballody, promoteur culturel, c’est une manière pour les rappeurs débutants de profiter de l’audience d’un artiste confirmé, qui devient naturellement leur premier soutien. Mais sur la durée c’est un couteau à double tranchant, dit-il, car le jeune artiste peut chuter quand la notoriété de son mentor diminue.

« Mais en fait, pour ne pas sombrer, le seul secret c’est le travail. Vous pouvez commencer à l’ombre d’un grand artiste et avoir du succès, mais si  vous ne continuez  pas le travail, à la longue ce sera inévitablement le déclin », conclut le patron de Prestige Consulting.