Littérature : « Mais qui a tué Sambala? »

A travers ces 200 pages, l'auteur fait une peinture vivante de la société malienne. Un livre d'actualité, diront les critiques…

A travers ces 200 pages, l’auteur fait une peinture vivante de la société malienne. Un livre d’actualité, diront les critiques littéraires. Car, arguent-ils, «Â il sent le vrai ! ». Chacun peut y reconnaitre une galerie de personnes croisées et s’y identifier. Quelque soit son pays, sa région, son angle de perception, C’’est le fruit d’une observation aiguà« qui n’épargne personne. Le contenu de cet ouvrage est nourri d’une vitalité propre aux sociétés o๠tout est à  faire. Vitalité qui caractérise bien l’auteur. «Â Mais qui a tué Sambala ? » est un roman bien ancré dans le Mali natal de l’écrivain. Il nous plonge en pleine actualité malienne, sans détour o๠se mêlent les injonctions néocolonialistes et les résistances, la tradition et la modernité, la dépendance et la souveraineté. [B Au C’œur de l’actualité ] Dans cet ouvrage, le personnage central est Sambala, un de ces minables opportunistes à  qui le démantèlement des politiques nationales bien nommées de « déconcentration » fait le lit de ses forfaits. Sambala, comme tant de maires actuels, fait fortune en mettant en vente le bien commun vital qu’est jusqu’ici la terre villageoise et ruine des centaines de vie. Il suffit de prêter attention aux évènements relayés par les médias, qu’il s’agisse du démantèlement de l’Office du Niger, de la vente du Chemin de fer Bamako-Dakar, du sous-sol jeté en pâture aux multinationales ou des conflits et exactions politiques pour y voir des parallèles. Le livre est d’une actualité qui dépasse largement les frontières du Mali et atteint une dimension universelle. «Â Amilcar Cabral, Mariama Bâ, Modibo Keà¯ta, Sankara, Cheick Anta Diop et tant de grands hommes trop tôt disparus, ont payé de leur vie pour avoir voulu la souveraineté de leur peuple. Ils ont des filles, des fils, un peuple, des peuples, en qui ils résonnent, et par qui le devenir et l’espoir renait » commente le réalisateur Eric Pauporte, réalisateur du film «Â  Mali D’Or » et qui a préfacé ce chef-d’œuvre. Aboubacar Eros Sissoko en est, selon lui, un homme qui rayonne de la force, de sa lucidité, de ses blessures aussi. «Â Un homme, poursuit-il, dont la parole, l’inspiration et la pensée se construisent dans la vie, le présent, son vécu, celui de ses proches, de ses frères et sœurs ». Sa matière à  penser-écrire découle de là . Mais elle est vigoureusement enracinée dans une culture parlée, forte, ancrée loin dans l’histoire par des contes, les dictons, les chants et les dires des aà®nés. A rire, à  pleurer, à  rebondir. Comme tous ceux qui ont été dépossédés, il a pleinement sa richesse d’homme. l’écrivain sait s’en servir et la transmettre, tout en malice et en lucidité vraies, aimant, fait de force et de faiblesses, humaine. Il le démontre dans ce livre. » Pour le réalisateur Eric Pauporte, Eros est un passeur culturel, un acteur, un conteur qui s’est approprié l’écriture. Il charme, surprend, moralise sans s’appesantir et nous entraine. O๠? Un livre à  lire absolument.