L’ONU approuve l’envoi de casques bleus en Centrafrique

De passage à  Bangui, samedi 5 avril, alors qu'il se rendait à  Kigali pour la célébration du 20e anniversaire du…

De passage à  Bangui, samedi 5 avril, alors qu’il se rendait à  Kigali pour la célébration du 20e anniversaire du génocide rwandais, Ban Ki-moon avait dénoncé une « épuration ethnico-religieuse » et exhorté la communauté internationale à  ne pas répéter les erreurs du passé. La Centrafrique vit dans le chaos depuis le coup d’Etat de mars 2013 et connaà®t ces derniers mois une recrudescence des violences entre les milices chrétiennes anti-balaka, fidèles au président déchu François Bozizé, et les ex-rebelles de la Séléka, majoritairement musulmans. Selon les estimations, plusieurs milliers de personnes ont été tuées et 2,2 millions de Centrafricains, soit environ la moitié de la population, ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence. Opération extrêmement complexe La résolution, présentée par la France, donne naissance à  la Minusca (Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en RCA). Avec ses 12 000 hommes, cette nouvelle opération de maintien de la paix de l’ONU fait passer le nombre de casques bleus déployés dans le monde au-dessus de la barre des 120 000, un chiffre record. Ses effectifs militaires ne seront toutefois opérationnels qu’au 15 septembre. La plupart des 6 000 soldats de la Misca, la force déployée en décembre dernier par l’Union africaine, qui œuvre aux côtés des 2 000 Français de la force « Sangaris », devraient passer sous mandat de l’ONU. A l’exception des 850 militaires tchadiens, dont N’Djamena a annoncé le retrait après un incident meurtrier impliquant plusieurs d’entre eux. Dans l’immédiat, seule la composante civile de la Minusca (génie, moyens de transport, administrateurs, ingénieurs, juristes), à  même d’apporter un soutien logistique, sera déployée. La mission de ces quelque 500 personnes sera de rétablir un minimum d’Etat et d’administration, et de préparer les élections pour février 2015. « C’est un nouveau défi et une opération extrêmement complexe », explique le patron des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous, qui rappelle que « toutes les infrastructures ont été rendues inopérationnelles » et souligne la difficulté d’agir dans un pays totalement enclavé, sans accès à  la mer, avec peu ou pas de réseau routier, alors qu’approche la saison des pluies. Des compétences inédites Caractère exceptionnel de la Minusca, elle sera « évolutive », avec un mandat s’adaptant aux circonstances sur le terrain. Dans un premier temps, les priorités seront la protection des civils, l’appui au désarmement des combattants, le soutien au processus de transition politique. Et, à  terme, la reconstruction de l’Etat. « Nous ne pourrons tout faire, il y a de la place pour tout le monde : pour les acteurs des Nations unies, mais aussi pour les institutions financières internationales », précise une source à  l’ONU. En matière de maintien de l’ordre, les compétences de la mission seront inédites. La résolution l’autorise en effet à  titre exceptionnel à  adopter « des mesures temporaires urgentes » si les autorités de RCA en font la demande, « autrement dit, d’exercer les pouvoirs exécutifs de police et de justice », résume un diplomate. Ce vote intervient alors que les premiers éléments de l’Eufor-RCA, la mission militaire européenne, dont les 800 hommes seront déployés fin mai, sont arrivés sur le terrain. Mercredi, 55 gendarmes mobiles français, armés de fusils automatiques, ont commencé à  patrouiller dans certains quartiers sensibles de Bangui, notamment des enclaves musulmanes, encadrés par des soldats de « Sangaris ». L’Eufor aura pour rôle de sécuriser l’aéroport et certains quartiers de la capitale, et de former des gendarmes locaux.