Lutte anti-corruption : Transparency International nous fait la leçon

Peter Eigen, le fondateur de Transparency International, est à  Bamako et a rencontré nos autorités, le président de la république,…

Peter Eigen, le fondateur de Transparency International, est à  Bamako et a rencontré nos autorités, le président de la république, le Premier Ministre Moussa Mara, avec qui il a animé une table ronde sur la bonne gouvernance. Et bien entendu les médias, qui font partie de la société civile. Si cette visite tombe à  point nommée au vu du contexte, le Mali tente de faire bonne figure devant cette ONG internationale qui chaque année, publie un classement sur l’Indice de perception de la corruption. Ainsi pour 2013, notre pays, est passé de la 96é place à  la 127è. Une baisse pour le moins vertigineuse qui accentue la surveillance de la communauté internationale sur nos gouvernants. Changer les mentalités avant toute chose Si les affaires de l’avion présidentiel et des contrats douteux d’armements militaires, font les choux gras de la presse, pour Peter Eigen, il ne s’agit pas de faire la leçon au Mali. « Nous ne sommes pas ici pour évaluer la corruption dans votre pays », affirme l’homme aux cheveux blancs. En résumé, précise t’il nous voulons partager notre expérience, donner des clés, sensibiliser la société civile, les citoyens sur les bonnes pratiques et comment lutter efficacement contre la corruption. « Si 2014 a été déclarée année de lutte contre la corruption, nous sommes pour le moins déçus en raison de règles mal observées sur les marchés publics, concède Eigen. Cependant, le moment est historique, puisque le Mali jusqu’ici n’avait pas vraiment bénéficié de l’expertise de Transparency International, qui est basé à  Berlin en Allemagne. Là  bas, ajoute, Jan FalhBush, représentant résident de la Friedricht Ebert Stiftung, l’ONG a contribué à  changer la mentalité des allemands sur la corruption faite hors du pays. Des personnalités, des grandes entreprises ont ainsi été sanctionnées pour abus et détournements grâce aux actions de Transparency. Du coup, la population est devenue le premier gendarme, qui empêche les pouvoirs en place d’abuser des deniers publics et des contribuables. C’’est à  l’appel de la fondation allemande, Friedricht Ebert Stiftung, que Transparency International est à  Bamako. Elle ne pouvait mieux tomber. Surtout pour tenter de créer une section nationale à  Bamako. Et le besoin est immense. Si l’on s’en tient ce sondage Mali-Mètre, réalisé par la fondation Ebert, 86% des Maliens estiment le niveau de corruption élevé au Mali, notamment au niveau de la Justice (78%), de la police(75%) vus comme les plus gros corrupteurs. l’école (65%), les Douanes(64%) ou encore les Mairies, la gendarmerie et même les services de santé n’échappent à  cette gangrène de la corruption. Accès à  l’information pour les médias Au-delà  de ces chiffres alarmants, mais pas nouveaux, il s’agit pour les médias d’avoir accès à  l’information, aux rapports détaillés, aux chiffres. Un vrai parcous du combattant, lorsqu’on sait qu’étaler des malversations peut nuire ou mettre en danger ; Que faire ? Créer le débat sur la question, estime Peter CONZE, de l’ONG. Une presse libre peut alors changer beaucoup de choses, révéler des affaires, faire chuter un régime, tel le Watergate qui coûta au président américain Richard Nixon, son fauteuil. Les journalistes ont à  leur tour exprimé ce besoin, celui d’être outillé, informé là  o๠subsiste une faible connaissance des textes et lois. Au Mali, le contexte est bien plus sensible. Mais les médias peuvent agir, ajoute Samuel Kaninda de l’organisation. «Quand il n’y pas une participation active des citoyens à  la surveillance globale, des gros faits de corruption surviennent ». Transparency s’est aussi donnée pour mission de tenir des sessions de formations pour les journalistes à  Berlin. l’ONG tente même de les impliquer sur des réseaux comme celui des dénonciateurs ou « Whistleblowers ». « Il faut définitivement mobiliser la société face au problème de la corruption », ajoute Jan Falhbush. De son côté, le gouvernement malien semble avoir tiré les leçons face à  la pression du FMI et des autres bailleurs, conclut Eigen, l’hôte du jour.