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Lutte contre la corruption: du choix de la méthode

Dans son discours à  la Nation à  l'occasion du nouvel an, le président de la République a réitéré sa volonté…

Dans son discours à  la Nation à  l’occasion du nouvel an, le président de la République a réitéré sa volonté ferme de lutter contre la corruption. Pour convaincre les compatriotes de sa bonne foi, il n’a pas hésité de décréter 2014 comme « année de la lutte contre la corruption ». Plus d’un Malien a été séduit et enthousiasmé par la mesure présidentielle. Cependant, beaucoup demeurent perplexes quant à  sa traduction dans les actes tant ce mal s’est métastasé dans le corps social malien tel un cancer. Si la tâche est certes ardue, elle n’est pas impossible. La hargne, la pugnacité et le sens d’autorité prêtés au président sont autant d’atouts qui militent en sa faveur pour relever le challenge. Le combat présidentiel serait plus aisé à  mener s’il bénéficie de l’adhésion du peuple. A ce niveau, rien n’est moins sûr. Car, on le sait bien, le « changement » est accepté par tous tant qu’il ne s’applique à  personne. La corruption, un mal bien enraciné En effet la pratique de la corruption est bien ancrée dans les mœurs maliennes depuis des décennies. C’’est surtout dans l’Administration o๠le mal est très prononcé. La corruption demeure pour bon nombre d’agents de l’Administration publique le moyen de joindre les deux bouts devant une situation salariale qui frise la misère. « Aucun fonctionnaire malien ne peut prétendre vivre de son salaire. Tous ces fonctionnaires qui roulent dans des voitures rutilantes et ayant de somptueuses maisons s’adonnent à  des pratiques de corruption », affirme un fonctionnaire malien de catégorie A, réduit à  de terribles gymnastiques, à  l’instar de la plupart de ses collègues, pour faire bouillir la marmite au quotidien. Cette boutade du pauvre fonctionnaire rappelle bien le cas des milliardaires maliens dont des fonctionnaires qui a défrayé la chronique sous le règne d’Alpha Oumar Konaré, lequel avait pourtant aussi montré sa détermination à  lutter contre la corruption. Expliquer avant de punir Pour être efficace, la lutte contre la corruption devrait donc avoir des préalables. D’abord, il faudrait une méthode pédagogique avant toute lutte coercitive ou punitive. Ce qui ne veut pas du tout dire permissivité en la matière. En fait de méthode pédagogique, il s’agira d’engager de nouveau et de façon intensive une campagne de communication et de sensibilisation, à  l’endroit aussi bien des corrupteurs que des corrompus, sur les pertes et le manque à  gagner qu’occasionne la corruption au Mali en prenant l’exemple sur les rapports du Vérificateur général ou de la CASCA (Cellule d’appui aux services de contrôle de l’Administration). Ceci amènera sans doute les uns et les autres à  comprendre que l’argent volé sur le dos des pauvres contribuables pouvait permettre de créer des dispensaires, des hôpitaux, des écoles des usines et bien d’autres infrastructures de développement. Ceci amènera aussi les citoyens maliens à  cesser de cautionner souvent de façon inconsciente les pratiques de corruption. En effet un directeur ou un ministre qui quitte son poste sans faire des réalisations onéreuses et ostentatoires comme l’achat des voitures, la constriction des maisons ou aller en nouvelles noces, est tout simplement taxé de maudit. Au même moment celui qui pille les caisses de son service, est adulé, voire salué pour sa fulgurante ascension sociale. Même si nul n’est censé ignorer la loi comme pourraient objecter certains, cette méthode aurait le mérite de clouer le bec à  ceux qui pourraient se cacher derrière le paravent de l’acharnement, règlements de compte ou autres fallacieux prétextes. Un autre préalable à  la lutte contre la corruption demeure sans doute la nécessité absolue de revoir à  la hausse les salaires maliens qui ne permettent pas aux bénéficiaires de vivre dignement. Avec des salaires considérés comme des primes, il n’est pas facile de voir disparaà®tre la corruption comme par enchantement. Et C’’est bien après cette étape que la machine doit être mise en branle pour traquer les délinquants financiers ainsi que toutes autres personnes s coupables de corruption. Le coup est d’autant plus jouable que le régime IBK a déjà  annoncé les couleurs au niveau de la justice par l’inculpation des magistrats, très craints et supposés intouchables, au comportement peu orthodoxe. Ce, après celle du général de corps d’armée, Amadou Haya Sanogo, coupable d’un mauvais calcul pour paraphraser le président IBK. En tout état de cause, l’alerte est donnée, il ne reste plus qu’à  souhaiter bon vent au Kankelentigui !