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Madani Tall :  » Au-delà de la loi, il y a la morale  » !

" Aujourd'hui au Mali, il est dangereux de contester un Premier Ministre qui a tous les pouvoirs, sans contrôle et…

 » Aujourd’hui au Mali, il est dangereux de contester un Premier Ministre qui a tous les pouvoirs, sans contrôle et sans arbitres. Mais il est encore plus dangereux de ne pas défendre la morale en politique, car ce sont nos enfants qui en payeront le prix. Un jeune homme préoccupé m’a posé cette question : « Que vous dit la décision du PM de se présenter aux élections ? Est-ce que quelqu’un pourra s’y opposer sachant qu’il n’y a aucune loi qui lui interdise de se présenter ? ». La réponse est que si la Constitution n’interdit à  aucune personne jouissant de ses droits civiques de briguer la Présidence du Mali, il existe néanmoins un arsenal pour protéger contre les dérives. Car « les prérogatives accordées aux individus le sont moins dans leur intérêt personnel que dans celui bien compris du corps social ». Tout bon juriste sait que « Les valeurs démocratiques sont protégées par l’interdiction d’abus de droits constitutionnels ». Ainsi, les juges constitutionnels peuvent se prononcer et invalider une telle candidature. Le principe d’interdiction d’abus de droit permet de défendre les bases éthiques que promeut le droit constitutionnel. Car « n’est pas admis un abus de droits, ni l’exercice de droits au cas o๠cela porterait atteinte aux droits et aux intérêts légitimes d’autrui ». Dans le cas de la transition, l’actuel Premier Ministre a été désigné compte tenu de sa réputation de probité et de compétence et non de son poids politique. En somme, sur la base de la confiance des autres acteurs et de la population sur ses aptitudes et sa neutralité. Selon l’Accord-cadre « Un Premier Ministre de transition, chef du gouvernement, disposant des pleins pouvoirs et ayant pour mission de conduire la transition, de gérer la crise dans le nord du Mali et d’organiser des élections libres, transparentes et démocratiques ». Alors, même en absence de texte le prévoyant explicitement, l’esprit de cet accord et les circonstances de sa nomination lui interdisent une quelconque intention présidentielle qui serait un détournement de la transition à  son profit. Il est évident que si avec ses pleins pouvoirs, son souci est, de renforcer son parti avec les ressources de l’Etat, en faire un instrument personnel, en vue de d’élections, au lieu de se consacrer à  sa mission, les juges constitutionnels auront un cas patent d’abus de droit constitutionnel. Et le peuple Malien ne manquera pas de juger ce qui serait un abus de confiance ! Car, pourquoi confier une mission à  quelqu’un pour que celui-ci la réalise à  son profit au détriment des autres citoyens ? Plus qu’une affaire de constitutionnalité, C’’est une question de confiance et de morale. « Les gens se réunissent et demandent à  un malien que tout le monde pense honnête d’organiser des élections et libérer le Nord et C’’est lui qui devient le candidat, une fois qu’il a neutralisé tout le monde ? » Le Président Dioncounda Traoré, dont le pouvoir émane de la constitution et qui préside le premier parti du pays, par respect pour l’esprit des lois dit ne pas être candidat et ce serait celui qu’il met en mission et qui a plein pouvoir d’influer sur les élections qui parlerait de candidature ? Le jeune frère capitaine a eu l’intelligence de refuser une présidence que certains lui proposaient, et C’’est celui qu’il est parti chercher pour mission de confiance qui va se présenter ? Le peuple Malien a eu confiance en lui eu égard à  sa réputation et C’’est lui qui va démontrer que l’ambition dépasse la confiance ? Est-ce lui, dont on a fait l’acteur principal de la transitions qui voudrait se présenter au détriment de l’esprit d’apaisement et de la transparence, sans considération de l’esprit des lois ? Il ne peut s’agir que d’une rumeur, car le Premier Ministre ne peut pas trahir la confiance des maliens qui l’ont mis là , croyant qu’il travaillerait pour l’intérêt général et non pour lui-même. Pourtant, la mission qui a été confiée au Premier Ministre est un privilège donné à  peu de fils du pays. Il devrait en saisir l’opportunité pour se « sacrifier » pour son pays et entrer dans l’histoire, plutôt que de se perdre en conjectures. SI cette rumeur est avérée, même si l’on pourrait se sentir déjà  un peu trompé, il faut qu’il démissionne dés maintenant et aille préparer sa candidature, et laisser la place à  quelqu’un qui n’aura l’esprit qu’à  la reconquête du nord de notre pays et l’organisation des élections transparentes et démocratiques. En résumé, Cheick Modibo Diarra, doit savoir qu’il est déjà  en train de diriger le Mali. Il n’a qu’à  s’occuper du problème du Nord du Mali déjà . En voulant se présenter aux élections, lui-même se discrédite, car on ne peut être juge et partie. Le Président Dioncounda Traoré pourrait lui aussi invoquer ce droit, mais respecte la tradition républicaine et démocratique de notre pays. Il faut souvent savoir se sacrifier pour l’amour de son pays. Surtout si c’est pour une bonne cause. Madani Tall