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Madani Tall : Polémique autour d’une investiture

Le Conseiller spécial du président de la République, Amadou Toumani Touré, chargé des questions économiques, a trouvé une manière très…

Le Conseiller spécial du président de la République, Amadou Toumani Touré, chargé des questions économiques, a trouvé une manière très insolite de procéder ce week-end à  son investiture officielle comme candidat à  la présidentielle du 29 avril. Tandis que d’autres ont pris rendez-vous avec leurs militants dans les stades ou dans les salles de spectacles, le président du parti Avenir et Développement du Mali (ADM), lui, a décidé de se rendre à  la grande mosquée de Bamako, pour «Â confier  sa candidature à  Dieu », comme titrait un confrère. Au micro duquel le président de l’ADM explique : «Â Au moment o๠les enfants du Mali sont au front afin de lutter contre un ennemi lâche, sans honneur », l’ADM a décidé de placer cette investiture sous le signe de la paix, du développement et de la prospérité du peuple malien ». Pendant les campagnes électorales, on connait les hommes politiques maliens très courtisans du suffrage des musulmans. Et Madani Tall a bien compris la leçon. Pour ses partisans, «Â la démarche est courageuse ». «Â Au lieu d’inviter les chefs religieux à  se déplacer pour son investiture, il a choisi de les rejoindre dans la «Maison de Dieu » pour prier autour de sa candidature », explique un proche de Madani Tall. l’argumentaire est loin de convaincre plusieurs observateurs qui voient en cette démarche «Â un comportement à  la fois fantaisiste et fanatique ». En l’absence d’une réaction des acteurs politiques de notre pays (comme toujours), le sujet est devenu le centre de toutes les conversations dans les «Â grins » et autres lieux de causeries. Entre culte et politique du culte Pour eux, la croyance en la religion musulmane ne peut justifier le choix d’un lieu de culte pour une cérémonie d’investiture à  une élection. Pour d’autres, C’’est la mission et les responsabilités de la mosquée qui sont remis en question à  travers ce choix de Tall. «Â La mosquée est un lieu de culte, o๠les fidèles viennent chercher Dieu en priant, mais pas pour chercher le pouvoir. Il y a des candidats plus croyants que M. Tall qui ne veulent pas mêler l’Islam à  leur combat politique », pense cet observateur. «Â De toute façon la vérité, C’’est dans les urnes le 29 avril prochain » renchérit ce militant d’un parti adverse. Pour qui «Â le scénario est digne d’un film de kotèba ». Les responsables de la mosquée de Bamako devraient-ils accepter ce choix ? Très peu de responsables religieux acceptent de se mêler du débat. Mais un responsable d’une moquée, ayant requis l’anonymat, pense que les affaires politiques ne doivent nullement intervenir dans la mosquée. «Â Je n’ai pas de commentaires à  faire sur les raisons qui ont fait que les responsables de la mosquée aient accepté cela. Ce qui est clair, C’’est ce choix trahit l’esprit de la mission sacrée de la mosquée », explique notre interlocuteur. Qui rappelle les dispositions de la Sourate 72 du Coran, verset 12. Selon lui, cette disposition interdit de manière formelle toute autre activité dans la mosquée en dehors de celles qui consacrent la recherche de Dieu. Notre interlocuteur de conclure que «Â les leaders religieux ont la lourde responsabilité préserver l’image de la mosquée pendant ces élections ».