Société




Magnamaga, une tradition qui disparaît…

Les jeunes mariés sont accompagnés dans le processus de leurs noces par une conseillère, une chaperonne qui les guide dans…

Les jeunes mariés sont accompagnés dans le processus de leurs noces par une conseillère, une chaperonne qui les guide dans ce passage important dans leur vie. Mais ça c’était avant ! Aujourd’hui, la tradition de la « magnamaga » n’est plus ce qu’elle était.

Les « magnamagas » ou « magnons » sont ces vieilles dames chargées d’accompagner le jeune couple au tout début de son mariage et de s’occuper de l’épouse en particulier. Dès l’instant où l’on fait « asseoir » la future mariée (astreinte au domicile parental jusqu’à la noce, ndlr), la magnamaga entre en jeu. Elle s’occupe de son alimentation qui doit être légère et raffinée, de sa toilette, lui donne des conseils sur la gestion de son foyer et de sa belle-famille. La nuit de noces et les jours suivants, elle reste avec le jeune couple pour le guider dans ses premiers pas. En échange, elle reçoit symboliquement 7 500 francs CFA, un pagne wax, les habits et ustensiles utilisés par la mariée dans la chambre nuptiale ainsi que d’autres cadeaux offerts par les tantes et sœurs de la mariée.

Nouvelle génération Ce rôle, tenu autrefois par de vieilles dames, est devenu la chasse gardée de femmes d’âge moins avancé. « Nous apprenons avec nos mères et nos tantes, qui nous initient aux ficelles du métier pour ainsi prendre la relève », explique Aminata, une jeune magnamaga qui estime que les critiques à leur endroit sont infondées. Leur manque d’expérience dans les « choses du couple » laisse cependant sceptiques bien des familles, échaudées par des situations parfois dramatiques. « Au mariage de ma cousine, la magnamaga qui était une jeune fille, a séduit le mari dans la chambre nuptiale. Le phénomène est très fréquent car ces personnes ont des connaissances qu’elles utilisent pour cela », explique Fanta. Aussi, à défaut d’une magnamaga d’un âge certain, de nombreuses familles préfèrent confier ce rôle à une vieille connaissance ou une tante assez ouverte d’esprit pour éviter tout conflit. Mais le manque de confiance dans les jeunes magnamagas n’est pas la seule cause de la disparition de cette tradition. « Auparavant, la magnamaga était là car la jeune mariée était sensée être inexpérimentée sur les questions de la sexualité, la séduction ou la gestion du couple. Il fallait donc la rassurer et lui donner des conseils, de même qu’à son époux. De nos jours, les filles sont au courant de toutes ces choses, auparavant gardées secrètes et intimes. Alors allez savoir ce qu’une vieille dame pourra leur apprendre ! », explique Assitan Traoré, magnamaga depuis plus de vingt ans.