Politique




Mahamadou Savadogo : « Le G5 Sahel est une structure déjà dépassée »

Le 14 septembre, les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se réuniront à…

Le 14 septembre, les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se réuniront à Ouagadougou, au Burkina Faso, pour un sommet extraordinaire sur la sécurité. Ils envisagent la création d’une large coalition, au-delà de leur zone, pour combattre le terrorisme au Sahel. Mahamadou Savadogo, spécialiste de l’extrémisme violent et de la radicalisation au Sahel, répond aux questions de Journal du Mali sur le sujet.

Envisager une large coalition pour combattre le terrorisme prouve-t-il  l’impuissance du G5 Sahel ?

Je pense que cela réside plutôt dans le fait que les groupes terroristes ont su anticiper les stratégies mises en place par les différents États. Ces groupes sont en avance sur ces États et impriment le rythme aux différentes armées. C’est ce qui est le plus inquiétant, surtout lorsqu’on voit une structure comme le G5 Sahel, qui, avant même d’être opérationnel, est déjà dépassé. Si on intègre les autres pays de la CEDEAO, cela veut dire qu’on va changer la dénomination du G5. Donc il est appelé à ressusciter de ses propres cendres.

Qu’est ce qui empêche les États d’anticiper les stratégies des groupes terroristes ?

Il y a d’abord un problème de coordination entre les États, mais aussi d’agendas et des priorités. Chaque année, ou presque, il y a un président qui se retrouve en train de battre campagne pour les élections. Il n’y a pas d’harmonisation au niveau même de la Force du G5 Sahel et des autres forces militaires. La menace aussi diffère d’un fuseau à un autre, car on a trois fuseaux. Donc ce sont ceux du fuseau central qui se sont retrouvés en train de combattre les terroristes. Avant que ce ne soit une question de finances c’est d’abord une question d’organisation et de stratégies, parce qu’il y a bien des pays, à eux seuls, qui sont parvenus à contenir un peu la menace avec leurs propres stratégies. On aura beau mettre des milliards dans ce G5 Sahel, s’il doit fonctionner comme tel il n’y aura jamais des résultats.

Quels sont les pays qui pourraient être dans cette coalition ?

Il y a des leaders qui sont déjà identifiés. Dernièrement, nous avons la Côte d’Ivoire, le  Sénégal, le Togo, le Bénin et le Ghana. Ce sont tous les pays côtiers en fait, qui sont désormais menacés parce que le verrou que constituait le Burkina a sauté et que cela veut dire qu’ils sont eux aussi ciblés par les groupes terroristes.

Propos recueillis par Acherif Ag Ismaguel