Maison d’arrêt de Bamako : une cocotte-minute ?

Avec un total de 1792 prisonniers (1056 prévenus et 736 condamnés), la Maison d'Arrêt Centrale de Bamako compte seulement 22…

Avec un total de 1792 prisonniers (1056 prévenus et 736 condamnés), la Maison d’Arrêt Centrale de Bamako compte seulement 22 cellules. Ces cellules sont initialement prévues pour 50 personnes. Actuellement chaque cellule compte en moyenne plus de 200 détenus. 90 agents assurent la sécurité des détenus et 8 personnes sont en charge de l’administration pénitentiaire. Il y a donc en moyenne 17 détenus pour 1 surveillant, alors que les normes internationales préconisent 2 détenus pour un surveillant. La prison, qui n’a pas connu d’extension depuis sa construction, est une vaste cour constituée de plusieurs bâtiments vétustes. Avec la chaleur de la saison chaude, les relents nauséabonds des sanitaires flottent dans l’air. Les prisonniers sont là , certains déambulent entre les cellules surpeuplées et la cour de terre battue. Les tasses, appartenant aux parents des prisonniers et qui leur servent à  manger, jonchent le sol. Une majeure partie des prisonniers, restent enfermés dans leurs cellules bondées, une bonne partie de la journée dans cet espace o๠la température dépasse souvent les 40° à  l’ombre, en période caniculaire. Plus de 5 prisonniers sur 10 présentent des problèmes dermatologiques dus à  la chaleur et au confinement. Furoncles et boutons sont légions sur les peaux des détenus. Ajouté à  la mauvaise qualité de la nourriture, beaucoup sont affaiblis. Ces conditions déplorables, ont couté la vie à  5 prisonniers. l’administration de la prison et les autorités ont tenu à  s’expliquer sur le décès des détenus et sur les conditions de vie carcérales. Une conférence de presse a eu lieu ce jeudi 5 mai à  la maison d’arrêt centrale de Bamako. Regroupant le régisseur de la prison, le procureur général, le président de la commission de désengorgement de la prison, le directeur national de la santé, les médecins et infirmiers de la prison. Elle avait pour but de détailler les faits et les mesures prises. « Dans la matinée du 2 mai à  l’ouverture des portes, nous avons constaté que 2 prisonniers étaient au sol extrêmement affaiblis, et 3 autres très mal en point. Les 3 ont été admis à  l’infirmerie de la prison o๠ils ont succombés. Quant aux deux autres, l’un a été transféré à  l’hôpital de Kati, et l’autre à  la polyclinique ‘’lac télé ». Les deux sont aussi décédés », rapporte le commandant Sou Dao, régisseur de la Maison d’arrêt centrale de Bamako. La surpopulation carcérale, facteur important de piètres conditions de vie carcérales, serait un des éléments responsable du décès des détenus Ce qu’il faut comprendre, C’’est que les 6 parquets et procureurs de Bamako jugent tous les malfrats déférés par les nombreuses unités d’enquête. Ne pouvant pas être remis en liberté, nous nous voyons obligés de les garder dans les maisons d’arrêt, déplore le procureur général de Bamako, Malamine Coulibaly. Afin de réfléchir à  ces problèmes, une commission a été créée. Elle est chargée de mettre en place un plan de désengorgement de la prison. « à€ travers des ateliers et séances de travail, il est ressorti que nous devons équiper les cellules de ventilos, transférer un certain nombre de détenus pour désengorger la maison d’arrêt, ramener plus tôt les horaires d’ouvertures et prolonger les heures de fermeture des cellules afin que les détenus respirent un peu. Par ailleurs, il faut terminer au plus vite possible la nouvelle maison d’arrêt en construction » explique Boubacar Touré, conseiller technique et chargé de la Commission du Désengorgement des Prisons. Mama Koumaré, directeur National de la santé délégué par le ministre ajoute que « Les investigations pour connaitre la cause exacte de leur décès sont en cours. Nous prévoyons un renforcement du personnel, des médicaments et de la santé dans la Maison d’Arrêt Centrale de Bamako. » Il reste à  espérer que la commission mettra en œuvre rapidement des mesures efficaces pour pallier à  la surpopulation carcérale, à  la vétusté des lieux et aux conditions de vie des prisonniers, afin que de tels drames ne se reproduisent plus.