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Mali: Cap sur la COP

Il y a les COP et il y a la COP 21. Celle de Paris, pourrait ressembler à  celle de…

Il y a les COP et il y a la COP 21. Celle de Paris, pourrait ressembler à  celle de Copenhague en 2009, o๠l’enjeu était de repenser le protocole de Kyoto, en obligeant les gros pays pollueurs à  y adhérer. Pour les Africains, Durban, en Afrique du Sud, fin 2011, fut une étape cruciale, car elle a permis d’harmoniser les positions continentales sur la question de la compensation financière. On l’appela d’ailleurs la COP des Africains, même si aucun engagement réel et ferme ne s’en était dégagé. Pour le Mali, la moisson fut belle, avec l’annonce du lancement du Fonds Climat et la signature d’une convention de don avec la République fédérale d’Allemagne à  hauteur de 10 millions d’euros pour financer des projets climatiques. Des étapes significatives pour ce vaste pays sahélien, confronté à  la désertification, aux hivernages incertains et inondations meurtrières, signes évidents du bouleversement climatique et du réchauffement de la planète. « Le continent africain est vulnérable au phénomène des changements climatiques, auquel il n’a ni contribué, ni généré son aggravation, mais il demeure le plus touché », rappelle encore cet expert du Réso Climat Mali. Une assertion qui résume toute l’importance pour les Africains d’aller en rangs serrés à  la COP 21, pour obtenir les 100 milliards de dollars de fonds de compensation par an à  l’horizon 2020, en obligeant les pays pollueurs à  admettre leur responsabilité historique. « Nous espérons que cet accord, qui sera signé à  Paris, ne soit pas juste un accord, mais un accord qui soit contraignant, même si la crainte d’un scénario à  plusieurs équations se dessine », souligne Ousmane Ouattara Directeur de l’ONG Mali Folk Center (MFC). Il redoute que les pays riches ne tirent la couverture de leur côté. En effet, le futur accord doit ancrer de nouveaux engagements financiers publics pour la période post-2020, et rendre le fonds vert climat opérationnel, en créant un système de suivi et de vérification de ces engagements financiers. Quant au Mali, il figure dans le G77, le groupe des pays les moins avancés, auquel s’est rallié la Chine, et que les Occidentaux taxent de gros pollueur. En effet, notre pays émet seulement 0,06% des émissions mondiales de gaz à  effet de serre et a annoncé pour ses engagements « 29% de réduction pour l’agriculture, 31% pour l’énergie et 21% pur les forêts avec une politique de reboisement massif sur tout le territoire », précise Alain Gerbe, coordinateur de la cellule qui a rédigé la contribution nationale du Mali, déposée fin septembre auprès des Nations unies. Le deux poids, deux mesures subsiste. Mécanismes de gestion du Fonds climat Mali et projets locaux En attendant de défendre sa voix dans cette négociation à  haute portée, le Mali se concentre sur son Fonds climat pour financer de petits projets d’adaptation aux effets néfastes du changement climatique et d’atténuation. Créé le 26 janvier 2012, le Fonds climat Mali est entré dans sa phase opérationnelle le 19 mars 2014 avec la tenue de la première réunion du comité de pilotage. Il a déjà  mobilisé 5 millions de dollars au titre de la coopération suédoise, et un peu plus d’un million de dollars pour la Norvège, ce qui appelle bien sûr à  d’autres contributions futures. Trois projets phares bénéficient déjà  de ces allocations, à  savoir la restauration des terres et la productivité agricole dans les régions de Mopti, Koulikoro, Sikasso et Ségou pour un montant de 800 000 dollars US. Un autre projet d’alimentation en eau potable par énergie solaire des communautés agropastorales de Ségou, Mopti et Tombouctou piloté par l’Unicef et enfin, un projet relatif à  la direction de l’hydraulique pour un montant de 1 million de dollars. Avec un mécanisme transparent de gestion financière, sous l’égide du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le Fonds climat Mali permet aux acteurs du secteur de partager les expériences en faisant le suivi précis et l’évolution desdits projets, via le site Internet. Une interface sur laquelle il est possible d’identifier les contributeurs et le détail des ressources allouées, de quoi mobiliser les énergies et les bonnes volontés. « Nous travaillons déjà  sur de nombreux projets d’adaptation dans l’agriculture, la maà®trise des eaux souterraines et de surface, l’aménagement des bas fonds et les retenues d’eau », explique Sidiki Dembélé, président de l’Association de soutien aux initiatives communautaires (ASIC). Membre du Réso Climat, cette structure s’adresse surtout aux communautés rurales, tout comme l’ONG Mali Folk Center, qui fait de la question énergétique un leitmotiv : « les énergies renouvelables sont aujourd’hui la seule solution pour réduire les émissions de CO2. », ajoute M. Ouattara. Même si les investissements de base coûtent cher, l’ONG a déjà  installé une vingtaine de centrales à  énergie solaire en milieu rural, avec un système thermique solaire tout en réduisant les coûts de production de cette énergie, disponible à  volonté. Objectif : accroà®tre la résilience des communautés, grâce à  la solution énergétique. Cela dit, précise l’expert, il faudra toujours une contribution des grandes puissances aux budgets nationaux des pays affectés par les changements climatiques. Le Fonds vert climat doit d’ailleurs garantir une allocation de 50% pour l’adaptation, dont 50% pour les Pays moins avancés (PMA), à®les et pays africains. Un autre point crucial des négociations de Paris. Si la COP, qui signifie Conférence des Parties, est avant tout un rapport de force entre pays pollueurs et pays moins avancés, l’enjeu global, que défend le président François Hollande, au travers d’un lobbying intense, est de parvenir à  un accord qui satisfasse les 196 pays signataires. En parallèle de l’évènement, le Mali en profitera pour organiser ce qu’on appelle un «side event », avec l’appui de la société civile, pour vulgariser les expériences locales, celles au profit des communautés vulnérables aux changements climatiques. Le rendez-vous est pris !