Société




Mali – Déplacés : à Bamako, deux sites contrastés

Depuis 2019, ils sont des milliers de personnes fuyant la guerre au centre du Mali à s’installer dans des camps…

Depuis 2019, ils sont des milliers de personnes fuyant la guerre au centre du Mali à s’installer dans des camps de fortune à Bamako. À Faladié et à Sénou, où certaines ont trouvé refuge, Journal du Mali est allé s’enquérir de leurs conditions de vie.

Des centaines de ressortissants de la région de Mopti errent sans travail et vivent dans des habitations de fortune dans le quartier de Faladié, en Commune VI du District de Bamako. « C’est difficile pour tous ces gens, qui pourtant avaient beaucoup de bétail dans leurs villagesAvec la guerre ils ont fui et tout laissé là-bas », explique d’un air désespéré l’un des responsables du camp de Faladié, M. Hamidou Cissé. Sur les lieux, pour joindre les deux bouts, les enfants s’adonnent à la mendicité, tandis que les jeunes garçons, plus robustes, se débrouillent au marché àe bétail non loin du site. « D’autres ont eu plus de chance et ont été embauchés par des personnes riches pour s’occuper de leurs animaux. À la fin de chaque mois, ils envoient un peu d’argent ici pour aider les familles et contribuent beaucoup à la survie du camp », reconnaît M. Cissé. Quant aux femmes, certaines se consacrent à la coiffure et d’autres à la vente de lait.

Le plus grand problème auquel sont confrontés ces réfugiés sur le site est l’accès à l’eau potable. « Nous ne cessons de réclamer un forage à toutes les personnes de bonne volonté qui viennent ici et aux organisations non gouvernementales, mais en vain pour l’instant », regrette notre interlocuteur

Misérables

Le campement des déplacés internes de Sénou a fière allure en dépit du contexte et contraste avec celui de Faladiè. C’est un site non loin de l’aéroport de Bamako appartenant à Ismaël Cissé, général de l’armée de terre à la retraite. Touché en 2019 par les conditions misérables dans lesquelles vivaient les déplacés au camp de Faladié, il a décidé d’en loger quelques-uns dans son champ de cinq hectares.

Outre l’aide de M. Cissé, ces déplacés ont bénéficié d’autres soutiens. Comme celui de l’État, qui a construit une école d’une classe et un château d’eau. Médecins sans frontières, une ONG internationale, a également installé des tentes et construit une vingtaine de latrines. « S’ils tombent malade, on les amène au Centre de santé de Sénou, qui est à proximité d’ici. Là-bas, même si on n’a pas d’argent, les médecins soignent les malades à crédit. Après on les rembourse. Pour les accouchements [une dizaine depuis leur arrivée], une sage-femme retraitée qui habite non loin du camp s’en occupe à un prix bas », raconte Adja Diallo, l’une des sept gestionnaires du camp, selon laquelle la prise en charge sanitaire et nutritionnelle des réfugiés se fait grâce à l’appui de divers donateurs.

Sur le site, par manque de travail, les déplacés s’adonnent à tout et à rien. Pathé Diallo, jeune homme chétif d’une vingtaine d’année, qui « déteste le football », y joue pour passer le temps. Il dit regretter de ne pas avoir appris un métier plus jeune. « Aujourd’hui, je ne maîtrise que l’élevage et cela joue sur mon insertion sociale ici », déplore-t-il. Lui a vécu l’horreur. Lors d’une attaque en 2019 dans son village, Anakarwa dans le cercle de Koro, sept personnes de sa famille ont été massacrées par les assaillants. Il en a réchappé parce qu’il s’occupait de ses animaux en dehors du village. Toujours très marqué et nostalgique, il souhaite le retour de la paix pour y retourner. Car, dit-il, « ici je vis sans rien faire ».

Aly Asmane Ascofaré