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Mali: pourquoi il faut renforcer Barkhane et Minusma

Au Mali, face à la menace de plus en plus grandissante des groupes terroristes, la question du renforcement des forces…

Au Mali, face à la menace de plus en plus grandissante des groupes terroristes, la question du renforcement des forces onusiennes et françaises devient crucial.

Plus de 101 attaques ont été attribuées à Al-Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI), c’est le journal américain « Long War journal » qui l’a révélé début juin. Ces attaques ont eu lieu, pour la plupart, au Mali, où le mouvement terroriste et ses alliés (Al-Mourabitoune, Ansar Dine) ont battu en retraite depuis 2013, après l’intervention militaire française. C’est le nord du Mali qui est le plus touché, avec 36 attaques dans la région de Kidal où Ansar Dine, groupe terroriste allié d’Al-Qaeda, continue de semer la terreur. Selon « Long War Journal », qui craint que l’année 2016 soit la plus meurtrière depuis 4 ans, Al-Qaeda a revendiqué des attaques en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso ainsi qu’au Niger.

Voilà qui remet au centre des débats la question du renforcement des forces militaires présentes dans le nord du Mali. C’est le mercredi 29 juin prochain que le vote du nouveau mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) aura lieu. Durant ces dernières semaines, un changement de ton important a été constaté dans le discours du patron de la mission onusienne, Mahamat Saleh Annadif, qui a fait clairement comprendre que ses troupes devaient se dégager de la posture de « chair à canon » à laquelle leur mandat les confine :

« On ne peut continuer à accepter l’insupportable. Il est temps de s’engager à une profonde introspection accompagnée par des mesures tangibles, car il est indéniable que certaines pertes auraient pu être évitées si nos contingents étaient mieux formés, mieux équipés, particulièrement de véhicules blindés ».

Ces propos, qui ont permis à M. Annadif de monter très haut dans l’estime des Maliens qui ont toujours souhaité une Minusma « agressive », prouvent à suffisance que les nations se trouvent dans l’urgence de changer leur fusil d’épaule et de revoir leur copie. Aujourd’hui, tout le monde s’attend à ce que, après le vote, la mission onusienne soit renforcée avec des soldats, des hélicoptères et des capacités supplémentaires.

Et Barkhane ?

Selon « Zone militaire », blog spécialisé sur les questions de défense et de sécurité, l’opération Barkhane compte actuellement entre 3.500 et 3.800 hommes répartis sur deux fuseaux (est à partir de N’Djamena et ouest à partir de Gao). La question de son renforcement a aussi été abordée par le président nigérien, Mahamadou Issoufou, lors de sa visite officielle en France, quelques jours après des incursions de Boko Haram sur son territoire. Ainsi, dans une interview accordée au quotidien français Le Monde, M. Issoufou a déclaré : «Il faut renforcer Barkhane. Nous avons fait un excellent travail avec l’armée française aux confins nord de notre pays [avec la base avancée de Madama, ndlr], où nous avons verrouillé les points de passage des trafiquants et des jihadistes en provenance de Libye. (…) Mais face au renforcement de l’activité des groupes terroristes dans la région (…) nous pensons qu’il faut renforcer la présence de Barkhane, y compris autour du lac Tchad. »

Il est difficile de dire si renforcement de Barkhane est à l’ordre du jour dans l’agenda des autorités françaises. Mais la force française a rééquilibré son dispositif dans la région de Kidal pour contrer Ansar Dine. Lors de la visite de Mahamadou Issoufou en France, le président François Hollande a reconnu qu’au Mali « il y a cette tentative toujours répétée des groupes terroristes de faire en sorte que le nord du Mali puisse être déstabilisé. »