Mali : la France veut passer le relais à l’ONU

"Nous allons passer du cadre actuel [...] à  un nouveau dispositif diplomatique, une opération de maintien de la paix, qui…

« Nous allons passer du cadre actuel […] à  un nouveau dispositif diplomatique, une opération de maintien de la paix, qui devrait probablement être votée au mois d’avril et appliquée deux mois plus tard, et qui sera chapeautée par l’ONU et financée par les Nations unies », a déclaré M. Fabius devant la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale. La France est intervenue seule militairement le 11 janvier au Mali pour en chasser les groupes armés islamistes. Cette opération « sera chapeautée par l’ONU et financée par les Nations unies, ce qui évidemment a un certain nombre de conséquences en ce qui nous concerne », a ajouté M. Fabius. Les Nations unies étudient la possibilité de déployer une force de 10 000 hommes avant les élections présidentielle et législatives prévues au Mali en juillet, un délai rapproché qui nécessitera, selon un diplomate européen, d’engager une « course contre la montre ». Le sous-secrétaire général de l’ONU aux opérations de maintien de la paix, Edmond Mulet, effectue cette semaine une visite à  Bamako, la capitale malienne, pour évaluer les différentes possibilités de mission de maintien de la paix une fois que l’opération « Serval » lancée par la France dernier aura pris fin. Jusqu’à  présent, la France a supporté l’essentiel des frais liés à  son engagement militaire dans la guerre au Mali, ainsi que la majeure partie des dépenses du contingent important fourni par le Tchad, soit 2 000 hommes. Fin février, le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, avait indiqué qu’en quarante-cinq jours, l’opération « Serval » avait déjà  coûté à  la France « plus de 100 millions d’euros ». LES FONDS PROMIS SE FONT ATTENDRE Selon une source diplomatique européenne, l’argent promis à  Addis Abeba lors d’une conférence de donateurs de l’Union africaine destinée à  financer la mission africaine de soutien au Mali (Misma) et la restructuration de l’armée malienne, soit plus de 455 millions de dollars (338 millions d’euros), « n’est pas encore sur les comptes » et les Tchadiens se sont inquiétés de savoir quand et par qui ils seraient payés. « Les 2 000 Tchadiens, c’est nous qui gérons leur approvisionnement en munitions, en pétrole, dit sous le couvert de l’anonymat une source diplomatique française. Quand on a vu que ce serait compliqué, cette affaire Misma, on a poussé rapidement pour avoir une opération de maintien de la paix, c’est beaucoup pour des raisons financières. » La Misma déploie actuellement au Mali environ 6 300 soldats d’Afrique de l’Ouest et du Tchad. « 6 000 types c’est beaucoup. Il faut gérer », ajoute cette source. « La force de sécurisation de l’ONU reprendra la Misma et pourra être étendue à  d’autres », a observé Laurent Fabius. Elle pourrait mobiliser au total jusqu’à  10 000 hommes, selon un diplomate européen. Aux forces africaines actuellement dans la Misma, qui inclut depuis peu le contingent tchadien, pourraient s’ajouter d’autres unités, notamment burundaises et mauritaniennes. « Les troupes françaises n’ont pas vocation à  rester éternellement au Mali », a redit mardi M. Fabius, selon qui la France continuera à  être présente à  l’avenir « d’une manière ou d’une autre » au Mali.