Mali : pas de psychose dans la zone tampon

« Nous ne sommes pas inquiets », affirme un habitant de Sévaré, qui abrite l'aéroport de Mopti, capitale de la…

« Nous ne sommes pas inquiets », affirme un habitant de Sévaré, qui abrite l’aéroport de Mopti, capitale de la 5ème région, situé à  quelques kilomètres plus au nord. Depuis la « prise » de Douentza par le mouvement extrémiste MUJAO, on a quand même entendu les rumeurs les plus folles circuler dans la ville. Certains auraient aperçu des véhicules arborant le drapeau des islamistes, d’autres en auraient vu dans la ville de Mopti en train de tenter des recrutements locaux. « C’’est des histoires », nous rétorque notre interlocuteur, employé de bureau, qui a requis l’anonymat. Il est vrai que la ville de Douentza, située à  une centaine de kilomètres à  peine de Mopti apparaissait déjà  aux mains des islamistes qui y maintenaient une présence discrète. Leur montée en puissance ces derniers jours avec l’annonce du ralliement des milices d’auto-défense locales et l’instauration de la charia, aurait de quoi faire monter la tension. Mais, contrairement à  ce que l’on aurait pu s’attendre, les habitants de Sévaré, véritable ville garnison, et ceux de Mopti continuent à  mener leur quotidien comme si de rien n’était. Ils se sont maintenant habitués à  partager leur quotidien avec les militaires qui seraient plusieurs milliers dans la ville, en plus de ceux qui peuplent d’ordinaire les camps des environs. Même les mouvements de véhicules militaires et les barrages installés depuis quelques jours à  tous les points d’entrée de la ville de Mopti ne semblent pas les perturber. En effet, depuis l’annonce du contrôle de Douentza par les islamistes, les patrouilles se sont renforcées et dès la nuit tombée, il faut montrer patte blanche avant de pouvoir entrer ou sortir de Mopti et Sévaré. Tout le monde est très prudent et il est difficile d’obtenir l’avis des uns et des autres sur ce qui se passe dans Sévaré. Dans les grins, on discute de tout mais surtout pas de la situation sécuritaire de la ville. Quelques jeunes osent cependant avouer qu’ils se demandent bien ce que font les militaires dans leur ville au lieu d’aller combattre jusque quelques dizaines de kilomètres plus au nord, o๠se trouvent les vrais enjeux. Certains habitants et particulièrement les commerçants et autres tenanciers de bars disent prendre les choses du bon côté puisque les affaires continuent de marcher, et plutôt bien… Et prient pour que la situation reste stable. Surtout que de nouvelles rumeurs ont fait le tour de la ville de Sévaré ce jeudi. Il « parait » que les islamistes ont juré de venir faire leur prière du vendredi dans la ville. Si cela s’avérait, comment les populations vont-elles l’interpréter ? Provocation ou tentative de conciliation ?