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Mali : un pas de plus vers la « chariaïsation »?

Alliés hier face à  l'armée malienne, avec même des velléités de fusion il y à  peine quelques semaines, les rebelles…

Alliés hier face à  l’armée malienne, avec même des velléités de fusion il y à  peine quelques semaines, les rebelles touareg et les groupes islamistes se font désormais ouvertement la guerre. Les affrontements de ce mercredi 27 juin sont la preuve que désormais l’entente est définitivement rompue. Même si le MNLA se défend d’avoir perdu le contrôle total de la ville, il semble difficile pour eux d’opérer un retour sur place, surtout avec la puissance de feu de ceux d’en face. Merci aux islamistes Depuis le début de l’insurrection au nord Mali qui a conduit à  la partition de fait du pays au mos d’avril dernier, et la déclaration d’indépendance de l’Azawad, les populations vivent dans des conditions très difficiles. Plus d’administration, manque d’approvisionnement en vivres et autres produits de première nécessité. Et quand bien même, il y en a, les habitants, qui n’ont pas pu fuir par manque de moyens pour la plupart, ne peuvent se les offrir. Les rackets, les vols, les viols étaient légion et les victimes pointaient du doigt comme responsables, les rebelles touaregs. Il est donc normal que des cris de joies accueillent leur fuite de Gao en ce 27 juin. Après les combats, une vingtaine de morts, des blessés et des combattants faits prisonniers, les hommes du MNLA n’ont pas traà®né les pieds dans la cité des askias. « Nous saluons les islamistes pour avoir chassé les rebelles qui ont pillé nos villes, violé nos femmes » témoigne un ressortissant de Gao. Leur départ a donc été salué comme une délivrance par des populations qui s’étaient déjà  révoltées par deux fois contre les exactions. Le dernier épisode fut celui du mardi o๠une marche de protestation fut réprimée à  balles réelles par des membres présumés du MNLA. A force de brimades, les habitants de Gao ont fini par se tourner vers les islamistes qui, même s’ils imposent les règles strictes de l’islam, garantissent la sécurité dans la localité. Surtout qu’ils ont toujours dit être contre la partition du pays mais plutôt pour l’instauration de la charia, à  l’échelle du Mali entier. Les islamistes, un moindre mal ? Mais, faut-il vraiment se réjouir de cette victoire du MUJAO, l’un des groupes islamistes les plus radicaux ? En « libérant » les populations de Gao de l’emprise du MNLA, n’est ce pas pour mieux les « prendre en main » ? Nul doute que dans les prochains jours, on assiste à  des scènes comme celle des 100 coups de fouet à  Tombouctou. Tombouctou o๠un des émirs les plus puissants d’AQMI, Abou Zied, vient de payer la fourniture d’électricité pour un mois. Que se passera-t-il le mois prochain ? Les maliens du nord ne vont-ils pas finir par « faire les ânes pour avoir du foin » c’est-à -dire, respecter les règles des occupants pour pouvoir vivre plus ou moins décemment ? Le sentiment d’être abandonné par le pouvoir de Bamako est largement ressenti dans les régions occupées. Et ce n’est pas en tergiversant que l’on va réussir à  ramener dans le giron national ces centaines de milliers de personnes qui sont tout autant maliennes que les autres. A moins qu’à  Bamako, on se dise qu’il vaut mieux les «laisser se gérer entre eux »Â… Mais, il serait erroné de penser que le MNLA hors de course, les choses seront plus faciles. Car, outre leur puissance feu, les nouveaux maà®tres de Gao et leurs alliés de Tombouctou et d’ailleurs ont une autre arme encore plus terrible. Le pouvoir de persuasion. Et pour le moment, les maliens de Gao sont persuadés qu’ils sont leurs « sauveurs »Â