Mali : Une intervention militaire africaine nécessitera un fort soutien occidental

Une intervention militaire africaine pour repousser les extrémistes islamistes du nord du Mali n'est plus, selon Paris, qu'une question de…

Une intervention militaire africaine pour repousser les extrémistes islamistes du nord du Mali n’est plus, selon Paris, qu’une question de semaines », mais elle ne pourra se faire qu’avec un fort soutien des pays et moyens militaires occidentaux, estiment des spécialistes. Après des mois de discussions, l’habillage diplomatique se met en place. Vendredi, le conseil de sécurité de l’Onu a pressé les pays de l’Afrique de l’ouest à  préparer une opération pour reconquérir le nord du Mali. Lundi, les Européens sont tombés d’accord pour planifier une mission destinée à  aider l’armée malienne.Concrètement, la force mobilisée par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) compterait environ 3.000 hommes. En face, 4.000 à  6.000 combattants islamistes, équipés de lance-missiles ou de lance-roquettes, opèrent sur un territoire plus étendu que la France. « Si l’opération est lancée, ce sera une course contre la montre », souligne Pascal Le Pautremat, spécialiste des questions de Défense : « On a conscience que le dossier est prêt, on sait o๠sont les uns et les autres. Après, il faut frapper au bon endroit, au bon moment, pour neutraliser l’adversaire au plus vite ». Blindés au sol et frappes aériennes Officiellement, la France et l’Europe soutiennent les pays africains dans la planification et la logistique. Mais « il n’y aura pas de troupes au sol », a réaffirmé, hier, Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense. Selon les spécialistes de défense, plusieurs dizaines d’hommes du Commandement des opérations spéciales (Cos), les forces spéciales françaises, sont, en fait, présents, depuis deux ans, dans la région pour suivre le sort d’otages français détenus par Al-Qaà¯da au Maghreb islamique. Très bien équipés, dotés d’hélicoptères et de moyens de surveillance, ils seraient les premiers en action, pour fournir du renseignement et guider les troupes africaines sur le terrain. Plusieurs autres pays européens devraient également fournir des moyens, en hommes et en matériels, l’intégrité du Mali étant « la sécurité de l’Europe », selon Paris, qui s’est attaché à  convaincre ses partenaires. Et s’ils soutiennent, pour l’instant, l’action de la Cedeao, les Etats-Unis n’ont pas exclu de mener eux-mêmes une action militaire dans le nord du Mali. Ils pourraient notamment fournir des drones armés et procéder à  des frappes ciblées. Une opération militaire africaine serait essentiellement conduite par des véhicules blindés au sol, avec l’appui de forces aériennes. « Il y aura certainement des frappes aériennes précises. Avec, par la suite, des débarquements de personnels à  proximité des principales villes », souligne Pascal Le Pautremat. En cas d’intervention, les Occidentaux devraient également assurer l’encadrement de l’état-major de la force africaine. La France, les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne encadrent, en fait, les états-majors africains depuis déjà  plusieurs années, dans le cadre de programmes d’aide au maintien de la paix. Et Africains et Occidentaux ont l’habitude de travailler ensemble. Loin d’une opération éclair, selon Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (Cf2r), une opération militaire africaine risque, au contraire, « sauf surprise, de prendre du temps », en raison des dissensions au sein même des autorités politiques et militaires maliennes. « L’armée malienne n’est pas au niveau, il y a 2.000 à  3.000 hommes sur la ligne de front, avec quelques unités d’élite », souligne-t-il. « Il va bien falloir les entraà®ner, les armer, les équiper, les transporter ». Si « une intervention directe » des forces occidentales au côté des Africains ne semble pas, selon lui, à  l’ordre du jour, Eric Denécé « n’écarte pas l’engagement important de moyens clandestins au côté des Maliens ». Un peu, dit-il, « comme lors de la chute de Tripoli », en Libye, en 2011, quand Français et Britanniques ont discrètement mais activement aidé les insurgés libyens à  en finir avec le régime du colonel Kadhafi.