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Maliens de France : « La crise nous a soudés »

Les Maliens de France, C'’est la troisième, voire deuxième plus grosse diaspora du pays. Officiellement, selon le Consul général, elle…

Les Maliens de France, C’’est la troisième, voire deuxième plus grosse diaspora du pays. Officiellement, selon le Consul général, elle compte environ 200 000 ressortissants, un chiffre qui pourrait aller jusqu’à  300 000, si l’on tient compte des clandestins et des descendants français de Maliens installés en France. A 80%, la communauté malienne de France est composée d’ouvriers. Travailleurs du bâtiment, dans les sociétés de services, ils sont pour la plupart originaire de la région de Kayes. On a toujours en tête l’image des émigrés maliens des années 60, venus de leur région peu fertile, pour chercher fortune en balayant les rues de l‘Hexagone. La plupart vivent en région parisienne. Aujourd’hui pourtant, force est de constater, selon le journaliste Thiambel Guimbayara, que le visage de l’immigration malienne en France a beaucoup évolué. « Autrefois, il était rare de voir des jeunes des régions de Sikasso ou de Gao, venir s’installer en France. Aujourd’hui ils sont de plus en plus nombreux » affirme-t-il. l’autre aspect de cette évolution est « l’intellectualisation » de cette émigration. Aujourd’hui, la diaspora malienne est lettrée. Ils vivent un peu partout dans le pays et occupent des positions de responsabilité importantes dans des institutions ou dans la communauté qui les accueillent. Ce changement n’a cependant pas encore été intégré par les Maliens eux-mêmes, déplore Guimbayara. Une communauté dispersée, dirigée par un organe bicéphale En effet, reconnait le Consul Général du Mali en France, la communauté malienne ne constitue pas un bloc soudé et fort comme certaines autres diasporas. « Ce sont encore de trop nombreuses associations, qui souvent ne représentent que des ressortissants d’un village… trop faible pour avoir un réel impact, même si leur apport au pays est indéniable », déclare M. le Consul. Selon lui, il urge de fédérer tous ces petits regroupements afin que la voix des Maliens de France soit plus forte et mieux entendue. Au-delà  des différences d’origine, les clivages politiques contribuent également au manque de cohésion au sein de la communauté. Le cas spécifique de la représentation des Maliens de France qui se retrouve dotée de deux entités est un exemple parmi d’autres. Les autorités françaises ne reconnaissent que l’autorité du Haut Conseil des Maliens de France, tandis que le gouvernement de Bamako ne traite qu’avec le Conseil de Base des Maliens de France. Un casse-tête et surtout une cacophonie difficile à  gérer pour les différents acteurs. Les Maliens de France, unis pour soutenir le pays Mais l’espoir est permis toujours selon Thiambel Guimbayara. Car, à  l’occasion de la grave crise qu’a traversé le Mali en 2012-2013, toute la diaspora malienne s’est levée pour dire non aux occupants et proclamer l’indivisibilité du territoire malien. « La crise nous a soudés », raconte Aly Diallo, de Farafina solidarité, une organisation qui a pour but d’aider les nouveaux migrants à  s’installer et s’intégrer. « Nous avons dépassé les questions politiques, les origines des uns et des autres pour dire notre amour pour notre pays », se rappelle-t-il. Mais il ne faut pas que cette flamme s’éteigne, plaide-t-il. Il faut que « nous nous mettions ensemble, pour peser dans la vie de notre pays d’accueil mais aussi de notre pays d’origine », renchérit Abou, un jeune malien né en France de parents originaires de la région de Kayes. Et ce sont les intellectuels, qui le plus souvent restaient dans leur coin, qui doivent prendre le flambeau et fédérer leurs frères et sœurs autour de projets porteurs et d’idées novatrices. « Nous pouvons faire beaucoup de choses pour notre pays et nous sommes d’ailleurs dans cette dynamique depuis longtemps », rassure le Pr Eloi Diarra de l’Université de Rouen. De nombreuses initiatives sont en cours. De nombreux noms de la diaspora malienne commence à  être cités et ce dans tous les domaines et non plus seulement dans la musique comme par le passé. Des scientifiques, des professionnels, des communicateurs, s’engagent de plus en plus au profit de leur communauté en France et au Mali. « Le Mali a besoin de tous, et C’’est dans l’union que nos actes auront de la portée », conclut le jeune Abou.