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Mamadou Ndiaye : « Un an après le coup d’Etat, la frustration reste grande et profonde »

Journaldumali.com : Comment en tant que citoyen malien, avez-vous vécu ces évènements du 22 Mars 2012 ? Mamadou Ndiaye :…

Journaldumali.com : Comment en tant que citoyen malien, avez-vous vécu ces évènements du 22 Mars 2012 ? Mamadou Ndiaye : En termes d’impact direct et sur un plan purement conjoncturel, le citoyen que je suis, à  l’instar de millions d’autres, a d’abord vécu ces événements avec beaucoup de contrariété. Chacun d’entre nous est en sa manière un acteur économique, et depuis le 22 mars, l’activité économique soufre de préjudices importants qui impactent sur notre quotidien tant sur le plan économique que social. Mais le choc découlant de ces événements devient beaucoup plus grave lorsqu’on pousse l’analyse au-delà  des simples considérations existentielles. Il faut se rappeler qu’avant le 22 mars déjà , nous étions déjà  dans un contexte de confusion et d’incertitudes très graves pesant sur l’avenir du pays. Les événements du 22 mars ont contribué à  renforcer cette inquiétude légitimée par ce nouveau saut dans l’inconnue que représente un coup de force dont personne ne maà®trisait ni les tenants, ni les aboutissants.   Journaldumali.com : Quel bilan peut-on faire d’un an de transition ? Le Mali est -il sur une bonne voie quant au retour définitif à  l’ordre institutionnel ? Nous étions nombreux à  penser que ce vieil adage : «Â A quelque chose malheur est bon » pouvait nous être d’un grand apport au Mali. Nous avons longtemps espéré que ce qui nous est arrivé soit une opportunité unique pour susciter un véritable sursaut national. Et à  cet effet, il ne pouvait y avoir mieux qu’une Transition pour s’attaquer en priorité, en plus bien sûr de la gestion brulante de la crise, à  la gestion des défaillances et des dérégulations qui ont été mises à  nues dans le fonctionnement de notre société et dans notre système de gouvernance. Malheureusement au bout d’un an, cela est loin d’être le cas et face à  ce défi notre frustration reste grande et profonde. En ce qui concerne à  l’ordre institutionnel, il y a bien évidemment beaucoup de chance qu’il soit formellement de retour dans les semaines et mois à  venir, mais cet ordre sera-t-il définitif ?, nous en doutons même si notre souhait le plus profond est que ce soit le cas.   Journaldumali.com : Certains parlent d’un recul de la démocratie, et d’un pays dont les acquis sont à  reconstruire intégralement, quelle vision avez-vous de l’avenir du Mali ? Il faut d’abord se mettre d’accord sur le contenu à  donner au concept «Â Démocratie », il en est d’ailleurs de même pour beaucoup d’autres concepts à  la mode actuellement. Pour ma part contrairement à  une croyance répandue, J’étais loin d’avoir été convaincu que le Mali était devenu un modèle de démocratie. Vous comprendrez donc que pour moi, «Â recul de la démocratie » a un sens très relatif. Je suis en revanche d’avis que les acquis de ce pays en termes de valeurs et d’expériences, doivent être revalorisés et reconstruits. Et pour que cela soit possible, nous devrons impérativement passer par une prise de conscience minimum de notre propre responsabilité dans la prise en charge de notre destinée. Cette prise de conscience doit être bien sûre collective et individuelle, mais notre société a été tellement déstructurée que la chaà®ne des impacts va être forcément descendante. Pour que le sursaut triomphe au niveau du Citoyen à  la base, l’impulsion et l’exemple doivent être impérativement donnés par le Leadership.   Journaldumali.com : Une autorité légitime, si elle était élue, en Juillet 2013, réglerait-elle le problème de la crise politique à  Bamako ? Une Autorité légitime élue en juillet 2013 ne serait pas suffisant pour régler le problème de la crise politique malienne. Elle doit absolument être accompagnée d’un Leadership qui en plus de la légitimité, sera porteur d’idées, de valeurs et volonté pour soigner les plaies profondes qui ont été ouvertes et corriger les dysfonctionnements importants qui ont émergé sur tous les chantiers dans notre pays. Journaldumali.com : Pourriez dressez le portrait-robot du futur président du Mali ? Un Leader fort, volontaire, exemplaire, rassembleur, indépendant et courageux, capable de susciter et d’inspirer la confiance réelle et sincère d’une majorité de maliens, de tirer toutes les leçons de la crise multiforme que nous avons traversé, de s’attaquer aux problèmes de fonds qu’elle nous a révélé, d’initier les mesures de restructuration indispensables pour espérer un redécollage durable du pays, d’impulser une nouvelle dynamique d’exploitation positive du génie et de l’énergie du potentiel humain et culturel énorme dont recèle ce pays. Â