Manifestation sanglante à Kidal : le HCUA mis en cause

Lundi 18 avril, des manifestants, quelques dizaines de personnes pour la plupart des jeunes, se sont massées devant l'aéroport de…

Lundi 18 avril, des manifestants, quelques dizaines de personnes pour la plupart des jeunes, se sont massées devant l’aéroport de Kidal pour protester contre la vague d’arrestations d’une dizaine de suspects par la force Barkhane, dans le cadre de la lutte antiterroriste. Des slogans anti-barkhane ont fusé, accompagnés de jets de pierres, puis des coups de feu ont éclaté. « Les manifestants ont voulu s’en prendre à  un véhicule armé de la MINUSMA pour en arracher la mitrailleuse. C’’est ce qui a déclenché les coups de feu », explique un habitant présent lors de la manifestation. Le bilan faisait état deux morts et d’une dizaine de blessés dont 3 cas graves. Une enquête diligentée par la MINUSMA devra faire la lumière sur les circonstances ayant mené à  la mort des deux victimes. Dans le chaos, des manifestants sont parvenus à  rentrer dans l’aéroport, occasionnant beaucoup de dégâts, « les gens ont tout saccagé, ils ont arraché les barbelés qui entourent l’aéroport, emportés des tonnes de ciment et pillé ce qui pouvait être emporté », révèle une source locale. Une réunion d’urgence a été organisée au camp de la MINUSMA, en présence de responsables de la CMA, et des forces onusienne et française. Un communiqué de la MINUSMA, puis un autre de la CMA, condamnant les actions des manifestants et appelant au calme, ont été diffusés le jour même, suite à  cette réunion. Au lendemain des évènements, la tension était un peu retombée sur la ville et le but poursuivi par les manifestants semblait plus clair : « cette manifestation était organisée par des jeunes et des femmes du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA). Elle visait à  faire pression sur Barkhane pour stopper les arrestations et dans un deuxième temps, faire pression pour que les personnes arrêtées soient libérées, car la plupart sont du même clan que Cheick Haoussa, le numéro 2 du HCUA », révèle cette même source. L’aéroport de Kidal est pour le moment fermé à  tout trafic, la MINUSMA devant procéder à  une inspection des sols pour détecter la présence de mines qui auraient pu être enfouies durant le chaos de la fusillade. Sur place, ces évènements ont amené une grande tension entre le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et le HCUA. « Les deux jeunes qui sont morts sont du MNLA. Ils étaient à  l’école quand ils ont été amenés jusqu’à  la manifestation par des anciens leaders du MNLA qui se sont joints à  la femme de Cheick Haoussa, ce qui a créé des conflits entre les femmes et les jeunes des deux mouvements », décrit cet habitant. De plus, selon nos informations, l’un des otages de l’équipe du CICR, libéré dimanche dernier, beau-frère de Cheick Haoussa, aurait été un meneur dans les évènements survenus lundi. à€ sa libération, cet employé du CICR, était porteur d’un message des ravisseurs destiné à  la force Barkhane, demandant la libération des personnes arrêtées en échange des otages de la Croix-rouge. Enfin, et toujours selon notre source, ce guide, également apparenté à  Cheick Haoussa, serait actuellement détenu à  Gao, car il est soupçonné de connivence avec les ravisseurs. Pour rappel, quatre employés (trois humanitaires locaux et un chauffeur) du CICR ont été enlevés le 13 avril dernier à  Abeà¯bara, au nord de Kidal.