Marche des travailleurs « licenciés » de l’Huicoma à Koulikoro

C'’est tout Koulikoro qui a vécu au rythme de la marche pacifique organisée ce matin par les travailleurs de l'Huilerie…

C’’est tout Koulikoro qui a vécu au rythme de la marche pacifique organisée ce matin par les travailleurs de l’Huilerie cotonnière du Mali (HUICOMA), le Mouvement des Sans-voix et la CAD Mali. Objectif, soutenir les 411 travailleurs «abusivement » licenciés suite à  la privatisation en 2005 de l’HUICOMA. Koulikoro abrite une marche pacifique Ce matin le public avait pris d’assaut la principale voix bitumée de Koulikoro. Cette voix qui traverse la ville était noire de monde. Le spectacle a donné lieu à  une véritable solidarité en faveur des licenciés de l’HUICOMA.Sur la multitude de banderoles confectionnées pour la circonstance, on pouvait lire : « A bas le népotisme ! », « Koulikoro, ville martyr de la privatisation de l’HUICOMA », « Halte aux fossoyeurs de l’économie nationale ! », «Non au bradage de notre société ! », « dans ces conditions misérables, il n’y a aucun avenir »Â… Le soutien aux travailleurs licenciés de l’HUICOMA est devenu le mot d’ordre de la population koulikoroise. l’entreprise, avant sa privatisation, constituait un véritable poumon pour l’économie de la région. Un périple de près de 5km Le cortège des marcheurs a entamé son long périple à  partir de Kolébougou (quartier situé à  l’entrée même de la ville) pour se terminer, sur 5 km de marche, au Gouvernorat de Koulikoro. Dès 9h, tous (hommes, femmes, jeunes, vieux, enfant) étaient au rendez-vous d’une marche qui restera gravée dans les mémoires et dans les annales de la région. De mémoire de Malien, jamais une marche n’a autant mobilisé de monde. Même la présence très menaçante des forces de l’ordre n’a pas réussi à  ébranler la quiétude et la détermination des marcheurs. Marcher coûte que coûte ! Un ancien travailleur de la société du nom de Broulaye (avec lequel nous avons cheminé ensemble) ne tarissait pas d’insultes à  l’endroit du régime actuel. Malgré le fait qu’il s’essoufflait à  tout bout de champ, le sexagénaire joignait sa voie hachée à  celle du public qui, à  gorge déployée, scandait sans répit : . Au terme d’une demi heure de marche, les marcheurs se sont immobilisés devant le Gouvernorat de Koulikoro, sous haute surveillance policière. Apprenant l’arrivée des marcheurs, le gouverneur de Koulikoro, Soungalo Bouaré, s’est vite empressé de les rencontrer au portail de sa structure flanqué par ses « gorilles ». Licenciement abusif Ainsi, dans la déclaration qui lui a été remise par Bakary Berté, les travailleurs licenciés de l’HUICOMA dénoncent énergiquement le bradage de « cette manne nationale, autrefois fleuron de l’économie locale et nationale ». Ce qui attise la colère et l’indignation des licenciés vis-à -vis de l’Etat, C’’est le fait que l’HUICOMA soit cédée au Groupe Tomota contre « la modique somme de 9 milliards de F CFA et exonérée d’impôts et de taxes pendant huit ans ». Ils s’indignent aussi du fait que, dans le cahier de charge, le Groupe Tomota devait prévoir un plan social. Le collectif des licenciés soutient vigoureusement que le « bradage » de l’HUICOMA a engendré des troubles sociaux graves : licenciement abusif des travailleurs, arriérés de salaires, dislocations de familles et de foyers, renvois d’enfants de l’école… 411 travailleurs à  la rue En outre, depuis la cession de la société au Groupe Tomota en mai 2005, sur 852 travailleurs permanents et 462 saisonniers, 411 travailleurs ont été licenciés sans préavis, ni droits. Pis, tous les saisonniers ont été licenciés. Il faut signaler au passage que depuis le licenciement des travailleurs de l’HUICOMA, le tribunal de première instance a enregistré plus d’une centaine de cas de divorces. Certains n’arrivant plus à  faire face aux besoins matériels et financiers des familles. Au final, tranche le collectif des licenciés, C’’est la responsabilité de l’Etat qui est entièrement engagée dans cette affaire : Lors de son passage à  Koulikoro (il y a 3 mois), le Ministre de l’Industrie, Ahmadou Abdoulaye Diallo, avait donné un regain d’espoir quant à  la reprise effective des activités de l’HUICOMA, sève nourricière dela région de Koulikoro. En vain.